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Au sommet de l'escalier de la chambre des comptes, a Paris, il y
avait ainsi un vestibule non vitre qui pouvait bien passer pour une
loge (voy. ESCALIER, fig. 3). Ce vestibule se composait de deux travees
Ouvertes sur la cour de la sainte Chapelle; ses arcades, depourvues de
vitrages comme celles de l'escalier, etaient flanquees de contre-forts
decores de statues 1. La loge, premier vestibule dela chambre, etait fort
riche, ainsi qu'on en peutjuger par notre figure 5, qui en donne une
perspective exterieure. Au-dessous, a rez-de-chaussee, etait la porte
des logements du premier huissier et du receveur des epices. Le grand
palier couvert que nous donnons ici comme une loge tenait lieu de
petite salle des pas perdus. Nous possedons a Paris un monument
tries-remarquable par le style de son architecture et qui etait traite a la
maniere des loges italiennes : c'est le monument dont on a fait la fon-
taine des Innocents. Cette loge se composait de trois arcades, deux de
face et une en retour. Dans le soubassement, au-dessous de l'arcade
en retour, sur la ruc, en dehors, etait une fontaine. Des balustrades se
trouvaient entre les pieds-droits? La loge et fontaine des Innocents
etait elevee au coin de la rue Saint-Denis et de la rue aux Fers. Pierre
Lescot en fut l'architecte et Jean Goujon le sculpteur. En 1785, on la
deposa piece a piece et l'on en lit le monument que nous avons vu
restaurer depuis peu, monument auquel il est bien difficile aujour-
d'hui de donner une signification, car on ne comprend pas trop pour-
quoi on a eu l'idce de placer une fontaine jaillissante a 6 ou 8 metres
de hauteur ail-dessus du sol, et pourquoi, la mettant si haut, on a juge
necessaire de la faire couleraFabri de la pluie, sous un deme. On admet
une fontaine couverte si elle est a la portee des passants, mais un jet
d'eau couronnant une pyramide de cuvettes n'a vraiment pas besoin
de parapluie. Apres tout, les charmantes sculptures du monument nous
restent, et il y aurait mauvaise gräce a se plaindre des transformations
etrangers qu'on a fait subir a l'architecture de Pierre Lescot.
LUOARNE, s. f. Baie ouverte dans les rampants d'un comble, destinee
ä eclairer les galetas. Pendant le moyen age on a fait des lucarnes avec
devanture de pierre, d'autres entieremenl; de bois apparent ou recou-
vert de plomb ou d'ardoises. Les lucarnes nlont toutefois ete adoptees
que lorsque les combles ont pris une grande importance. Pendant la
periode romane, les charpentes des combles etant generalement plates,
il n'y avait pas lieu de les eclairer par des lucarnes, puisqulon ne pon-
vait y manager des logements; mais, a dater du xine siecle, les bati-
menLs d'habitation furent couronnes par des combles formant, en
(roupe, un triangle equilateral au moins: on utilisant la partie infericure
de ces combles en y pratiquant des chambres eclairees et aerces par
' Voyez Ymuvre d'lsraäl Sylvestre, Ivlärian, et,rl11ns la Topographie de la France, Biblioth.
nati0n., de grands (Icssins de la fagade de la chambre des comptes.
' Voyez l'oeuvre düsraäl Sylvestre, Marot, Merian, Fälibien.
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