LAVATOIRE
174
tait au caractere de grandeur du monument maigre sa petite dimension.
L'abbaye de Saint-Denis possedait une fort belle vasque dans son
cloitre qui servait aux ablutions des moines; cette vasque, (leposee
aujourd'hui au milieu de la seconde courde l'Ee0le des Beaux-Arts, date
du X1110 siecle; elle est d'un profil remarquable, et presente tout autour,
entre chaque goulotte, une tete sculptee d'un beau style Lorsque les
moines ne pouvaient amener l'eau dans une vasque pourles ablutions
journalieres, ils se contentaient d'un puits avec une auge circulaire ou
semi-circulaire? autour ou a proximite.
Cependant, en Espagne, les couvents possedaient des lavabos magni-
fiques. Le voisinage des etablissements arabes, dans lesquels l'abon-
dance de l'eau etait consideree comme une necessite du premier ordre,
avait dü exercer une certaine influence sur les constructions des cloi-
tres. C'est aussi dans les monasteres du midi de la France qu'on trou-
vait autrefois les lavabos les mieux disposes et les plus spacieux. ll est
a regretter que ces salles, qui se pretaient si bien aux compositions
architectoniques, aient ete detruites partout, des avant la fin du der-
nier siecle, par les moines eux-memes, qui ne se soumettaient plus
a l'usage de se laver au meme moment et ensemble. Les lavabos con-
sistaient seulement parfois en une grande auge de marbre, de pierre ou
de bronze, placee a Tentree du refectoire. (Voyez dans le Dictionnaire
du mobilier, l'article LAVOIR.)
LAVATOIRE, s. m. Auge placee dans une salle pres du cloitre des mo-
nasteres, et servant a deposer et laver les morts avant leur ensevelis-
sement.
L'usage de laver les morts avant de les enterrer est une pratique qui
remonte a l'antiquite3 et qui s'est conservee jusqull la lin du (lvrnier
siecle dans quelques provinces, comme le pays basque, par exemple,
les environs dlävranches et le Vivarais. Le sieur de Moleon4 (lecrit ainsi
le lavatoire de l'abbaye de Cluny : a Au milieu d'une chapelle fort spa-
(ccieuse et fort longue, ou l'on entre du cloitre dans le chapitre, est le
a lavatoire, qui est une pierre longue de six ou sept pieds, creusfie
a environ de sept ou huit pouces de profondeur, avec un oreiller de
a pierre qui est d'une meme pieee que l'ange, et un trou au boutdu
a cote des pieds, par ou sccoulait l'eau apres qu'on avait lave le mort. n
L'auteur donne un figure de ce lavatoire, que nous presentons ici
(fig. i); il ajoute qu'il y avait des pierres semblables dans Phopital de
la ville de Gluny, dans le chapitre de Feglise cathedrale de Lyon, dans
Lfäon Gau-
f Voyez la gravure de cette vasque dans les Exemples de dficoration de M. Lfäo
chcrct.
i Voyez le cloitrc de la cathädrale de Gimnc.
a Voyez les Actes des apdtres, chap. 1x. Sidoine Apollinairo, 11v. III, lettre m.
4 Voyages liturgiques en France. Paris, 1718.