LAVABO
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venons de donner dans la figure precedente s'ouvrent (igalement
vers le nord. Ces precziutions minutieuses apportees 51 la construction
de ces parties importantes des habitations font place, vers la fin du
XVIe siecle, ä une negligence extreme. Mais c'est qu'alors on se preoc-
cupait avant tout de faire ce (pfon appelait de belles ordonnances
syrnetriques; que le bien-etre des habitants d'un palais ou (lune mai-
son, ce que nous appelons le confort, etait soumis a des conditions
architectoniques plutot faites pour des dieux que pour de simples mor-
tels. En finissant, nous ne devons pas omettre de premunii- nos lec-
teurs contre les recits dbubliettes que font tous les cicerovze charges
de guider les amateurs de ruines feodales. Dix-neuf fois sur vingt, ces
oubliettes, qui emeuvent si vivement les visiteurs des chateaux du
moyen age, sont de vulgaires latrines, comme certaines chambres de
torture sont des cuisines. Plusieurs fois nous avons fait vidanger des
fosses de chäteau que l'on considerait, avec une respectueuse terreur,
comme ayant englouti de malheureux humains; lue-les a beaucoup de
poudrette, on y trouvait quantite d'os de lapin ou de lievre, (Iuelques
pieces de monnaie, des tessons et des momies de chats en abondance.
LAVABO, s. m. Grande vasque de pierre ou de marbre repandant l'eau
par une quantite de petits orifices pcrces autour de ses bords, dans
un bassin inferieur, et destinee aux ablutions; par extension, lenom de
lavabo a etc donne a la salle ou a l'aire au milieu de laquelle selevait
la fontaine. La plupart des cloitres de religieux possedaient un lavabo.
Quelquefois le lavabo etait pose au centre du preau, a ciel ouvert; plus
frequemment le long d'une des galeries du eloitre ou dans un angle, et
alors le lavabo etait couvert: detait une annexe du cloitre vers laquelle
les religieux se dirigeaient avant d'entrer au refectoire et en revenant
des travaux des champs, quand ils travaillaient aux champs. Les cister-
ciens, qui, au X110 siecle, se piquaientderevenir auxpremiertls rigueurs
de la vie monastique, qui excluaiient de leurs couvents tout luxe, toute
superfluite, avaient cependant construit des lavabos dans leurs cloitres,
disposes non point comme un motif de decoration, mais comme un objet
de premiere necessitmLGest qu'en effetles cisterciens du xut siecle s'oc-
cupaient a de rudes "travaux manuels; il leur fallait, avant d'entrer a
Peglise ou au refectoire, laverlcs souillures qui couvraient leurs mains.
Aussi voyons-nous que les lavabos des monasteres cisterciens sont. une
partie importante du cloitre. L'abbaye de Poutigny possedait un lavabo
dont la cuve existe encore; celle du Thoronet (Var), xne siecle, possede
au contraire Pedicule qui contenait la cuve, tandis que celle-cia disparu.
Voici (fig. l) le plan de celavabo. C'est une salle hexagonale tenant a
la galerie du cloitrc qui longe le refectoire; les religieux entraient dans
la salle par une porte et sortaient par l'autre, de maniere a eviter tout
(lesordre: ils se rangeaient ainsi autour du bassin au nombre de six
ou huit, pour faire leurs ablutions.