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et principalement sur le bord des chemins et aupres des maladreries.
On peut donc admettre que les lanternes des morts erigees sur le sol
autrefois celtique ont perpettie une tradition fort antique modifieo par
le christianisme.
Les premiers apotres des Gaules, de la Bretagne, de la Germanie et
des contrees scandinaves, eprouvaient des difiicultcs insurmontables
lorsqu'ils pretendaient faire abandonner aux populations certaines pra-
tiques superstitieuses. Souvent ils etaient contraints de donner a ces
pratiques, qu'ils ne pouvaient detruire, un autre but, et de les detour-
ner, pour ainsi dire, au profit de la religion nouvelle, plutot que de
risquer de compromettre leur apostolat par un hlame absolu de ces
traditions profondement enracinees. M. de Gaumontl pense que les
lanternes des morts, pendant le moyen age, etaient destinees particu-
lierement au service des morts qu'on apportait de tres-loin et qui
ifetaient point introduits dans Feglise. Il admet alors que le service se
faisait dans le cimetiere et que le fanal remplacait les cierges. Cette
opinion est partagee par M. Fabbe Cousseau? : a Les eglises meres
(eccleszfw matrices) seules, dit M. Gousseau, possedaient sans restrictions
tous les droits qui se rattachent a l'exercice du culte. Cela resultait de
ce que souvent le seigneur, en faisant donation d'une eglisc a un corps
religieux, apportait a sa liberalite cette restriction, que le droit de dime,
le droit de sepulture, etc., ne seraient pas compris dans la donation. a
Que les lanternes des morts aient cte utiliseespourles services funehres
dans les cimetieres, le fait parait probable; mais qu'on ait eleve des
colonnes de plusieurs mfetres de hauteur pour placer a leur sommet,
en plein jour, des lampes allumees dont personne n'aurait pu aperce-
voir Feclat, et cela seulement avec l'intention de remplacer Feelairage
des cierges, c'est douteux. Si les lanternes des morts n'eussent ete
destinees qu'a tenir lieu de cierges pondant les enterrements, il out
etc plus naturel de les faire tres-basses et disposees de maniere que
la lumiere püt etre apercue de jour par l'assistance. Au contraire, tout,
dans ces petits monuments, parait combine pour que la lampe que
renferme leur lanterne superieure puisse etre vue de tres-loin etdo
tous les points de l'horizon. M. Lecointre, archeologue de Poitiers 3,
c remarque que les colonnes creuses ou fanaux etaient eleves particu-
lierement dans les cimetieres qui bordaient les chemins de grande com-
munication ou qui etaient dans des lieux tres-frequentes. Il pense que
ces lanternes etaient destinees a preserver les vivants de la peur d-es
revenants et des esprits de tenebres, de les garantir de ce Iimiore
nocturne, de ce negotio pera-nzbulante in tenebris dont parle le Psal-
miste; enfin de convier les vivants a la priere pour les morts, D Quant
' (l'ours (Fantiquilds, t. VI.
fBulletivz monumental, t.
3 Ibid., t. III, p. 452.
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