151 [ KEMINEE ]
rennes. Ces elus sont representes imberbes,jeunes et souriants ; ils regar-
dentle Christ. A la gauche, un demon pousse une foule d'armes en-
chainees portant ehacunele costume deleur etat. Les expressions de ces
personnages sont rendues avec un rare talent; la terreur, le desespoir,
se peignent sur leurs traits. Dans la partie superieure est, au centre,
le Christ fassis, demi-nu, qui montre ses plaies; deux anges debout,
a droite et a gauche, tiennent les instruments de la passion; puis
sont places a genoux, implorant le Sauveur, la Vierge et saint Jean.
Les voussures du cote des damnes sont occupees, a la partie infe-
rieure, par des seenes de l'enfer, et, du cote des elus, par un ange et
les patriarches, parmi lesquels on voit Abraham tenant des ämes dans
son giron; puis des elus groupes. Cette sculpture remarquable date
de 12210 a 1215; elle etait entierement peinte et dorec.
Nous trouvons le meme sujet represente a la cathedrale de Ghartres,
a Amiens, a Reims, a Bordeaux. Mais, dans ces derniers bas-reliefs,
les aines sont representees nues generalement, sauf celles des elus,
et les compositions sont loin de valoir celle de Notre-Dame de Paris. Le
sentiment dramatique est deja exagcre, les groupes sont confus, les
damnes grimaeants, les demons plus ridicules qweffrayants. Presque
toujours llentree de l'enfer est representee par une gueule enorme
vomissant des flammes au milieu desquelles des demons plongent
les damnes. Au XIVÜ siecle, ce sujet, bien que frequemment represente,
perd beaucoup de son importance; les figures, trop nombreuses,
sont petites, et les artistes, en cherchant la realite, en multipliant les
scenes, les personnages, ont enleve a leur sculpture ce caractere de
grandeur si bien trace a Paris. On voit des bas-reliefs representant
le Jugement dernier sur le tympan du portail des Libraires a la cathe-
dralc de Rouen, sur la porte principale de Feglise Saint-Urbain de
Troyes, qui datent du XIV" siecle, et qui, par leurs details, sinon par
l'ensemble, preseutent encore des sculptures traitees avec une rare
habilete. Des vitraux de roses etaient souvent occupes par des scenes
du Jugement dernier des le commencement du X111" siecle. Celles de la
rose de Teglise de Mantes, qui appartiennent a cette epoque, sont fort
belles. La rose sud de la cathedrzile de Sens (XVle siecle) presente d'as-
sez bonnes peintures de ce meme sujet. Mais les meilleures peintures
sur verre du Jugement dernier, de lepoque de la renaissance, sont
celles de la sainte Chapelle du chateau de Vincennes, attribuees a Jean
Cousin. ll existe aussi quelques peintures murales du Jugement der-
nier en France; nous mentionnerons particulierement celles de la
cathedrale dlltlby, qui datent de la lin du xve siecle.
T fa;
KARNEL,
VOy. CRENEAU.
KEMINEE, s.
Voy. CHEMINEE.
j"
Il