Volltext: [Dais-Fût] (T. 5)

 DONJON ]  82  
Cependanf, au X1116 siecle deja, la feodalite perdait ces moeurs he- 
roiques, peut-on dire, dont Enguerrand III est le dernier et le plus- 
grand modele. Ces demeures de geauts ne pouvaient convenir a une 
noblesse aimant ses aises, politiquement affaiblie, ruinee par son luxe, 
par ses luttes et ses rivalites, prevoyant la fin de sa puissance et inca- 
pable de la retarder. Les grands vassaux de saint Louis et de Philippe 
le Hardi netaient plus de taille a construire de pareilles forteresses; 
ils ne pouvaient se resoudre a passer les journees d'un long siege dans 
ces grandes salles voütees, 21 peine eclairees, en compagnie de leurs 
hommes d'armes, partageant leur pain et leurs provisions. Chose digne 
de remarque, d'ailleurs, le donjon normand est divise en un assez 
grand nombre de chambres; le soigneur peut y vivre seul; il cherche 
a s'isoler des siens, et meme, au besoin, a se garantir d'une trahison. 
Le donjon de Philippe-Augusle,.do11t Coucy nous presente le specimen 
le plus complet, est la forteresse derniere, le reduit d'un corps arme, 
agissant avec ensemble, mu par la pensee d'unite d'action. La tour est 
cylindrique; cette forme de plan seule indique le systeme de (lefense 
partant d'un centre, qui est le commandant, pour se repandre suivant 
le besoin et rayonner, pour ainsi dire. C'est ainsi qu'on voit poindre 
chez nous, en pleine feodalite, ce principe de force militaire qui reside, 
avant tout, dans l'unite du commandement et la confiance des soldats 
en leur chef supreme. Et ce principe, que Philippe-Auguste avait si 
bien compris etmis en pratique, ce principe admis par quelques grands 
vassaux au commencement du X1110 siecle, la feodalite l'abandonne des 
que le pouvoir monarchique s'etend et attire a lui les forces du pays. 
C'est ainsi que les monuments gardent toujours l'empreinte du temps 
qui les a eleves. 
Les peintures interieures du donjon de Coucy ne consistent qu'en 
refends blancs sur fond ocre jaune, avec de belles bordures autour 
des archivoltes. Bientot on ne se contenta pas _de ces decorations 
d'un style severe; on voulut couvrir les parois des salles de sujets, de 
personnages, d'armoiries, de legendes. La noblesse feodale aimait les 
lettres, s'occupait d'art, tenaita instruire la jeunesse et a lui presenter 
sans cesse devant les yeux de beaux exemples de chevalerie. a En l'an 
u que l'on contoit mil quatre cens et XVI, et le premier jour de may, je, 
u le seigneur de Caumont, estant de Taage de xxv ans, me estoie en 
u ung beau jardin de fleurs ou il avoit foyson de oiseaux qui chantoieni; 
w de beaux et gracieux ehans, et en plusieurs de manieres, don ils me 
u feirent resjouir, si que, empres, je fuy tant en pensant sur 1e faict de 
a cest monde, que je veoye moult soutil et incline a mault fere, et 
a que tout ce estoit neant, a comparer a l'autre qui dure sans  
a Et lors il me va souvenir de mes petits enfans qui sont jeunes et 
a ignocens, lesquelx je voudroie que a bien et honneur tournassent, 
a et bon cuer eussent, ainxi comme pere doit vouloir de ces Hlz, Et 
a parce que, selon nature, ils doyvent vivre plus que moy, et que je ne 
a leur pourrcie pas enseigner ne endoctrinier, car il faudra que je
	        
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