DONJON
alors, comme aujourd'hui, toute garnison qui nelait pas en rapport de
nombre avec l'importance de la forteresse etait compromise, et ces
reduits devaient conserver leur garnison propre, quitte a sacrifier les
defenseurs des ouvrages exterieurs, si ces ouvrages etaient pris. A la
prise du Ghäteau-Gaillard, Roger de Lascy, qui commandait pour le roi
Jean-sans-Terre, ne possedant plus que les debris d'une garnison reduite
par un siege de huit mois, avait. dü se porter avec tout son monde sur
la breche de la chemise exterieure du donjon pour la defendre: ses
hommes et lui, entoures par les nombreux soldats de Philippe-Auguste
se precipitant a l'assaut, ne purent se faire jour jusque cette rampe
etroite du donjon : Roger de Lascy fut pris, et le donjon tomba entre
les mains du vainqueur a l'instant menie. Il semble que cette expe-
rience profitaa Philippe-Auguste ; car lorsque ce prince bätit le donjon
du Louvre, il leperca d'une poterne presque au niveau du sol exterieur,
avec pont a bascule et fosse. Du donjon du Louvre il ne reste que des
(lescriptions tres-laconiques et des iigurais foi-l imparfaits; nous savons
seulement qu'il etait cylindrique, que son (liametre exterieui- etail de
20 metres et sa hauteur de 40 metres environ. Pliilippe-Auguste parait
avoir considere la forme cylindrique comme etant celle qui convenait
le mieux a ces defenses supremes. Sile donjon du Louvre n'existe plus,
celui du chäteau de Rouen, bäti par ce prince, existe encore, du moins
en grande partie, et nous donne un diminutif de la celebre tour du
Louvre dont relevaient tous les fiefs de France. Ce donjon etait a che-
val sur la courtine du chäteau et possedail deux entrees le long des
parements interieurs de cette courtine. Ces entrees, peu relevees au-
dessus du sol, etaient en communication avec de petits degres isoles,
sur la tete desquels tombaient des ponts a bascule.
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Voici (fig. 32) le plan du rez-de-chaussee du donjon du chäteau de
Rouen. En AAjsont les deux poternes; en BB', les murs de la courtine,
dont on voit encore les arrachements. A cote de l'escalier ä vis qui
monte aux otages superieurs sont des latrines, et en C est un puits. Ce
vez-de-chaussee et le premier etage (fig. 33) sont voütes; les murs ont