[ DONJON 1 54
ont. contribue a assurer sa grandeur. Respectons ces debris: s'ils rap-
pellent des abus odieux, des crimes meme, ils conservent l'empreinte
de Penergie morale dont heureusement nous possedons encore la tra-
dition.
On observera que les donjons romans que nous avons reproduits
jusque present ne sont pas voütes a Tinterieur, mais que leurs etages
sont habituellement separeis par des planchers de bois; les defenseurs
admettaient qu'un etage inferieur etant pris, la defense pouvait encore
se prolonger et la garnison reprendre l'offensive. Dassaillant avait
cependant un moyen bien simple de s'emparer de la forteresse s'il
parvenait a peinetrei" dans les etages bas : cetait de mettre le feu aux
planchers. Les assieges devaient deplojjei- une bien grande activile
s'ils voulaient empecher cette catastrophe. Il est certain que ce moyen
fut souvent employe par des assaillants; aussi pensa-t-on bientot a
voüter au moins les eitages inferieiurs des donjons.
ll existe encore a Provins un donjon bati sur le point culminant de
cette ville, si curieuse par la quantite d'editices publics et. prives qu'elle
renferme : c'est la tour dite (le Ccfsar, ou la tour le Roi, ou Notre sire
1e Roi. C'est un veritable donjon dont relevaient la plupart des fiefs du
domaine de Provins, et qui ful construit vers le milieu du xne siecle.
Le donjon de Provins presente en plan un octogone a quatre cotes plus
petits que les quatre autres, les petits cotes etant tlanques de tourelles
engagees a leur base, mais qui, se detachant du corps de la construc-
tion dans la partie superieure. permettent ainsi de battre tous les
alentours. Ce donjon pouvait etre garni d'un grand nombre de defen-
seurs, a cause des ditferents etages en retraite et de la position tlan-
quante des "tourelles.
Voici (fig. 25) le plan du rez-de-chaussee de ce donjon dont la base
fut terrassee, au xve siecle, par les Anglais, pour recevoir probable-
ment de l'artillerie a feu. En C, on voit la place qu'occupe ce terras-
sement. En P, est un puits auquel on descend par une rampe dont
[entree est en F; en G, un four etabli au xve siecle; en H, une an-
cienne chapelle.
La figure 26 donne le plan du premier etage de ce donjon ; c'est sen-
lement au niveau de cet etage qu'on trouvait quatre poternes l mises
en communication avec la chemise exterieure au moyen de ponts
volants. D'un ctfvte, au sud, l'un de ces ponts volants, tombant sur une
chaussee detournee, correspondait au mur de prolongement 1) abow
tissant a la porte de Paris et mettant. le parapet de 1a chemise en Con?
munication avec le chemin de ronde de ce rempart. Par l'escalier a
vis K, on montait aux chemins de ronde superieurs independants du
logis. Il fallait du premier etage descendre au rez-de-chaussee, qui
xravait avec les dehors aucune communication. On trouve dans Fepajs-
seur du mur du rez-de-chaussee un assez vaste cachot, qui, dit-0n_
servit. de prison a Jean le Bon, duc de Bretagne. Le premier etage ppg.
sente un grand nombre de reduits. de pieces separees propres au loge-