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lancer quelques projectiles du haut; des citeneaux si les assaillants ten-
taient de s'approcher des murs, contre-miner si l'on minait; et d'ailleurs
gfapouvfaient ainsi rester des mois entiers, ineme devant un gros corps
mee, sans avoir rien a craindre. Aussi etait-ce presque toujours
par famine qu'on prenait ces forteresses. Mais, lorsque l'art de l'attaque
se fut perfectionne a la suite des premieres croisades, que les assie-
{Teants mirent en batterie des engins puissants, qu'on fit des boyaux
de tranchee, qu'on mit en usage ces longs chariots COUVGPlS, ces chats,
POUF permettre de saper les murs sans danger pour les mineurs, alors
les donjons rectangulaires, si epais que fussent leurs niurs, parurent.
lflsufflsants ; leurs angles netaient pas tlancjues et offraient des points
Sillllants que le mineur attaquait sans grand peril; les garnisons enfer-
Ilwes dans ces reduits voyaient diftitrilentent, ce qui se passait a texte-
rieui"; elles ne pouvaient tenter des sorties par ces PÜPTPS placees a
plusieurs metres au-dessus du sol: la coinplitzation des (lefenses filait,
flans un moment pressant, une cause de desordre; les assieges eux-
Inemes segaraient ou au moins perclziient beaucoup (le temps au milieu
de ces nombreux detours, ou encore se trouvaient pris flans les pieges
qu eux-manies avaient tendus. Des
le milieu du XlleSläüle, ces defauts M Li l
de la defense du donjon normand
furent certainement reconnus, car
on changea completement de sys- '
1eme, et l'on abandonna tout d'abord jwäh
la formevrectangulaire. Une des pre- Kg, littf
mieres et une des plus heureuses j litffxtifi
tentatives vers un systeine nouveau 4 liix i
se voit a Etainpes. Le donjon du Üittll
chäteau dEtampes, quoique fort
ruine, possede encore cependant _ Kg
plus de trois etages, et l'on peut se
Fendre compte des divers details
de sa defense. Nous ne saurions assigner a cette construction une date
anterieure a 1150. ni posterieure a 14170. Quelques chapiteaux qui exis-
tent encore et le mode de bätir appartiennent a la clerniere periode
de lepoque romane, mais ne peuvent cependant dater du regne de
Philippe-Auguste. La tradition fait remonter la construction du donjon
d'Etampes au coinniencementdu x12 siecle, ce qui n'est pas admissible.
Philippe-Auguste fit enfermer sa femme Ingeburge, en 1199, dans le
donjon que nous voyons encore aujoui'd"hui' ; donc il existait avant
cette epoque. Le chapiteau dessine ici (fig. 14) ne peut laisser de doute
sur la date de cette forteresse : c'est bien la sculpture du commen-
Cement de la seconde moitie du xne siecle.
' Dom Fleur-eau. Voyez la notice sur le donjon dftampes,
Bulletin monurm, p. 483, P5P M- ViCiOr Petit.
insäräe dans le tome XII du.