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toujours aussi humble, la fontaine du moyen fige conserve quelque
chose de la simplicite de ce programme; elle lfassourdit et ifecla-
housse pas, mais elle invite le passant a liapprocher. Il nestpzts neees-
saire de recevoir une douche pour s'y desalterer.
La fontaine du moyen est un petit bassin couvert dans lequel on
vient puiser en descendamt. quelques itiarches, ou une colonne, une
pile mitouree d'une large cuve et d'un plus ou moins grand nombre
de tuyaux qui distribuent l'eau a tout venant. Les bassins entoures de
(legres etaient- reserves aux jardins, aux vergers. Dans les contes et
fabliaux des x11" et xni" siecles, il est souvent question de ces sortes
de fontaines l, et sans sortir du (lomaine de la realite, nous voyons
encore, en Poitou, en Normandie, en Bretagne et en Bourgogne, un
assez grand nombre de ces fontaines placees sur le bord des routes
pour les besoins du voyageur. La source est ordinairement couverte
par une arcade de macorinerie, le bassin savancant, sur la voie comme
pour inviter a y puiser; des bancs permettent de se reposer sur ses
bords; une niche menagee au fond de la voüte recoit la statue de la
Vierge ou d'un saint; les armoiries du fondateur flecorent le tympan
de PEIFCZKJO ou les parois de la fontaine (fig. l). En dehors du faubourg
de Poitiers, le long du Glain, on voit encore une fontaine de ce genre,
restauree en 1579, mais dont la construction remonte au XlYe siecle.
Elle tourne le dos a la route, et. l'on arrive a son bassin au moyen (l'une
rampe otablie sur lune des parois de Pedicule. Les armoiries du do-
nateur sont disposees de facon que de la route et de cette rampe on
peut les reconnaitre. La (llSPOSlÜOH de ces fontaines est evidemment
fort zincienne; on y reconnait la trace de lantiquite romaine. Un edi-
cule protcgeant la source et recevant la divinite qui en est la dispensa-
triee, une inscription signalant le nom du fondateur a lareconnaissance
publique, des bancs pour se reposer, n'est-ce pas la un programme
antique? Mais ces sortes de fontaines ne conviennent QLIÄBPC qu'a la
campagne; dans les villes, sur les places ou les carrefours, il faut que
le bassin soit accessible a un grand nombre de personnes a la fois. li
faut que l'on puisse recueillir l'eau, non dans ce bassin qui est trouble
par le mouvement, des puiseurs, mais a la source mente (lislribuee en
un certain nombre de goulottes.
0'651. ainsi qu'est disposee la fontaine du x11" siecle qu'on voit encore
a Provins, en face de Phopital (fig. 2). Une vasque hexagone, une grosse
colonne dont le chapiteau est perce de trois trous munis de tetes de
bronze assez saillantcs pour verser l'eau dans les vases qu'on apporte
au bord de la vasque, tel est ce petit monument dans sa simplicite pri-
mitive. Peut-titre, autrefois, le chapiteau etait-il surmonte" d'une statue
ou d'un pinacle, eonnne certaines fontaines qu'on voit representees
' Yuycz le lrzi (le Narcisse, lc lai de l'0isclet, le Paradis diflpnwur. Dans ce dernier
febliuu, fauteur decrit une fontaine cachee dans un jardin. On y descendait, dit-il,_par
(les degres de nxarbre auxquels tenait attachee, avec une chaine d'argent, une tasse
d'or ümailläc.