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principaux et murs nombreux de liaison. Il arrive meme souvent alors
que les parements en fondation sont aussi bien dresses que ceux en
elevation (voy. CONSTRUCTION).
FONTAINE, s. f. A toutes les epoques, les fontaines ont etc conside-
rees comme des monuments d'utilite publique du premier ordre. Les
Romains, lorsqu'ils etablissaient une ville, ou lorsqu'ils prenaientpos-
session d'anciennes cites, avant toute chose, pensaient a lltmenztge-
ment des eaux. Ils allaient au loin, s'il le fallait, chercher des sources
abondantes, pures, et ne reculaient devant aucun travail, aucune de-
pense, pour conduire des masses d'eau eonsiderables dans les centres
de population. A Home, bien que les quatre (ziuquiemes des aqueducs
antiques soient dctruits, ceux qui restent suffisent cependant pour
fournir a la ville moderne une quantile d'eau plus considerable que
celle qui alimente la ville de Paris, cinq fois plus populeuse. A Nimes,
a Lyon, a Frejus, a Arles, a Aulun, a Paris meme, nous trouvons en-
core des traces daqueducs romains allant chercher les eaux tres-loin
et a des niveaux superieurs, pour pouvoir obtenir une distribution
facile au moyen de grands iteserxfoirs. Partout, en France, ou se trouve
une source abondante et salubre, on est presque certain de decouvrir
des restes de constructions romaines. Les Romains attachaient une im-
portance majeure a la police urbaine : il n'y a pas-de police sans une
bonne edilite; il ne peut. y avoir une bonne edilite sans eau. A cet
egard, nous avons quelque Ichose a faire; beaucoup de nos grandes
villes manquent d'eau encore aujourd'hui; on ne doit donc pas s'eton-
ner si, pendant le moyen age, les fontaines n'etaieut pas tres-com-
munes au milieu des cites. Chez les Romains, l'eau etait la veritable
decoration de toute fontaine; on n'avait pas encore songe a elever des
fontaines dans lesquelles l'eau n'est qu'un accessoire plus incommode
qu'utile. Les quelques fontaines du moyen age que nous avons pu
recueillir n'ont pas cet aspect monumental, ne presentent point ces
amas de pierre, de marbre etde bronze que l'on se croit oblige d'ac-
cumuler de nos jours pour accompagner un filet. d'eau. Cependant
(et cela derivait probablement des traditions de Yantiquite) l'eau sem-
blait une chose si precieuse,qu'oi1 ne la donnait au public quentouree
de ce qui pouvait faire ressortir sa valeur; on la menageait, on la met-
tait a la portee de tous, mais avec plus de respect que de vanitiä. La
fontaine du moyen age est donc un monument d'utilite, non point une
decoration, un pretexte pour figurer des allegories de marbre et de
metal plus ou moins ingenieuses, mais qui ont toutes le grand defaut
d'etre ridicules pour des gens qui croient mediocrement a la mytho-
logie, aux fictives barbus et aux naiades couronnees de roseaux. La
fontaine qui imprime une trace vive dans le souvenir, c'est celle qu'on
trouve au bord de la route poudreuse, laissant voir son petit bassin
d'eau limpide sous un abri, sa tasse de cuivre attachee a une chaine
et la modeste inscription rappelant le nom du fondateur. Sans etre