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LORE
l'Hepatique, le Fraisier, le Plantain, le Lierre. Observons, parexemple,
comment ces hardis sculpteurs ont tire parti des feuilles du Chrysan-
theme et du Persil. On voit, sur la porte principale de la faeade de
leglise abbatiale de Vezelziy, une belle arcliivolte refaite vers 4240 au-
tour d'un cintre du xnc siccleÄ tlelle archivoltc se compose d'une suite de
claveaux portan l: ifhacun, dans une gorge, un large bouquet de feuilles
vigoureusement retournees sur elles-meules et refouillees de main de
maitre. Un de ces bouquets A, que nous donnons ici (fig. 32), reproduit
des feuilles de Persil; l'autre, B, des feuilles de Ghryfsantheme.
(le n'est pas la cette sculpture rangee, contenue, soumise aux pro-
tils, que nous trouvons a la meme cpoque sur les monuments de l'ite-
de-France. C'est une veritztble vegetation reproduite avec un surcroit
de seve. Le sang bourguignon a pousse la main de l'artiste. Il prend la
nature, il ne l'ai-ratage pas comme son confrere des bords de la Seine
et de la Marne ; il la developpe, il Fexagere. N'est-ce point un art, celui
qui permet ainsi a l'artiste d'imprimer si vivement son caractere sur
son (DÜYPB, tout en suivant un principe admisitBien que les sculpteurs
de nos trois ecoles laiques francaises choisissent les vegetziux qui
s'accordent avec leur temperament, tous appliquent scrupuleusement
certaines lois qui, aux yeux du botaniste, ne sont pas suffisantes pour
indiquer findividualite de la plante, mais qui, pour les artistes, sont
les veritables : celles dont l'observation donne a chaque imitation d'un
vegetal sa physionomie, son caractere propre. Lorsque aujourd'hui
nous copions une centieme copie d'une feuille d'Acanthe ou d'Ange-
lique, parce que les Grecs ont imite ces vegetaux, nous pouvons faire
faire a nos sculpteurs d'ornements une oeuvre parfaite, comme execu-
lion, sur le marbre, la pierre, le stuc ou le bois; mais nous ne saurions
donner les qualites apparentes de la vie a ces imitations de centieme
main : ce ne sont la que des decorations glacees qui nünteressent
personne, ne font songer a autre chose, sinon que nous avons fait faire
un chapiteau ou une frise. Il est meme admis que pour occuper le
moins possible l'oeil du passant, nous repeterons dix, vingt, cent fois
le meme chapiteau, sur un modele identique. Ce point etabli, que
l'architecture, pour etre classique, doit etre ennuyeuse, nous ne pou-
vons, sous peine d'etre mis au banc de Yecole classique, essayer d'in-
teresser le public a nos oeuvres. Pourvu que lbrnementaüon Sculptge
soit nette, egale, uniforme, chacun doit etre satisfait; on ne s'in-
quiete point de savoir si ces feuilles qui courent sur nos tympans,
si ces enroulements qui se developpent sur une frise, ont quelques
points de rapport avec les vegelziux; s'ils sont crees viables, s'ils se sou-
mettent ces lois admirables, parce qu'elles sont raisonnables, de la
tlorc naturelle. Les zirtistes du XlIIc siecle, qu'on veut bien croire livres
a la fantaisie, 0m (Tautres scrupules : ils pensent que des ornements
soumis a une meme ordonnance ne doivent pas, pour 06121, Cire tous
contes dans un meme moule ; que le public prendra quelque plaisir a
voir vingt chapiteaux differant par les details; qu'il aimera retrouver
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