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F LORIS
auteur d'une brochure fort interessante sur ce sujett, n'hesite pas
a voir dans cette imitation des plantes aroides une idee symbolique
de la puissauce.ll voit la un reste du luaganisme, et s'exprime ziinsii:
s Je pense que le Gouet, type actuel de la fztlllillt? botanique des Arot-
u des, ou une autre lalante du 111cm0 genre3, Llevint, en (pielque sorte,
u le phalle transfigurtä par le christianisme. La simple appellation rus-
e tique de la premiere plante dans certains lieux de la Picardie, et 110-
e tamment, dans les environs de Glermont (Oise), a suffi pour me sug-
K gerer d'abord cette opinion. Je savais que ce vcgetal, cache sous les
a bois humides et ombrages, bizarre dans ses formes exterieures, etait
(c en grand credit parmi les magiciens et les enchanteurs du moyen
e fige, lorsque j'appris sa denominalion la plus vulgaire. Cette qualifi-
a cation correspond aux mots latins presb_yterz' phallus; le spadice enve-
e loppe de sa spathe verte est encore appele vicaire, tandis que, au
f: moment de la fecondation, et lorsque ce spadice a pris une teinte
(f violette, c'est un cure"... Le Gouet, que l'on pourrait appeler le plzallc
(r 0494x111, est une des premieres plantes qui annoncent, le retour de
a la vegetation, ou, comme le phalle proprement dit, le reveil de la
ff nature ; il peut bien cire-l'expression ou Fembleine de la puissance
a generatrice imperissable, puisque, chaque annee, sans culture prea-
u table, on le voit percer la terre, puis disparaitre apres la fructifica-
(z tion, pour reparaitrc apres l'hiver suivant. Mais il y a plus: de meme
u que le phalle, il a ete figure l'attribut de la puissance en ge-
(r nerale, ce qui prouverait son identite avec a M. Woillez rap-
pelle a propos la notice du docteur Colsont sur une medaillc de Julia
lllammee, au revers de laquelle on voit Junon tenant un phallus d'une
main et un Lis de l'autre, et il est a remarquer, en effet, que les pre-
miers sceptres portes par des rois ou meme lzrVierge sainte sont termi-
nes par une fleur dblrzenz ou une fleur (le Lis assez semliilableia celle
que nous avons (lonnee plus haut (fig. seulement M. Woillez ne
voit, dans ces ornements que l'imitation des lulanles IIPOIÜGS. Je pense
qu'on y trouve et llflrunz et. l'iris (Flambe) ; quelquefoismeiiie, comme
dans Fornement fig. '13, un melange des deux plantes prmtanieres. Il ne
nous parait pas, toutefois, que l'on puisse, dans l'et'at des connaissances
actuelles, (lonner comme des faits certains l'influence de ces traditions
paiennes d'une haute antiquite dans les arts du moyen äge.
Si la flore sculptee romane mele aux derniers (lebris des arts romains
des inspirations nouvelles provoquees par l'observation des plantes
printanieres des bois, elle subit aussi l'influence des arts de l'0rient.
Pendant les x0, x18 et xne siecles, quantite d'objets apportes de Byzance
' Iconogr. des plantes aroides [iguvräes au moyen fige en Picczrdie, et consicldräes
vmnme origine de la {leur de lis (le France. Anüens, 1848.
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2 lflris, comme nous venons de le faire voir, a. servi de type aux sculpteurs romans.
4 Jldnwires de la Socidtä des antiq. de Picardic, t. VIII, p. 24-5.
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