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et des linteaux, devaient se terminer en pyramidions ajoures penctres
chacun par deux cotes de l'hexagone superieuif; si bien que les quatre
faces de ces pyramidions sur six devaient seulement etre apparentes
en epaulant les noyaux successifs recevant les angles saillants de ces
hexagones. Un trace perspeetif (fig. 9) rendra compte de cette dispo-
sition originale. Ainsi les sommets superposes des tourelles hexago-
nales, terminees carrement aujourd'hui, comme une suite de gradins,
donnaient, au moyen de ces pyramidions, une ligne rampante decou-
pee par des pinacles et des statues. De plus, la construction ajour des
tourelles, toute composee de montants verticaux et qui ne tient guere
qu'a l'aide du fer, pouvait etre parfaitement epaulee par ces pyrami-
dions qui font l'office de contre-fiches. (Yetait la construction logique,
conforme aux donnees de l'architecture de cette epoque, qui n'admet-
tait point, particulierement au sommet des edifices, des repos hori-
zontaux.
D'apres l'examen du plan (fig. 8), il ne semble pas que l'architecte
auteur du projet ait voulu etablir seulement, entre les aretiers, des
claires-voies composees de dalles zijourees pour former les faces de la
pyramide; il lui fallait une construction plus resistante pour porter la
grande lanterne superieuiwz, construction indiquee par les solides pieds-
droits S. On ne peut pas admettre cependant que ces pieds-droits
fussent inclines comme les pans de la pyramide, ce qui eüt produit un
tries-mauvais effet. Nous verrions bien plutot, dans ces pieds-droits,
des naissances d'arcs assez peu eleves, mais dans un plan vertical, et
recevant des gables ajour qui surmontaient, par l'effet de la perspec-
tive, les couronnes ajourees T. D'ailleurs, dans la tliache actuelle, l'ar-
chitecte a etabli, au niveau de la troisieme travee en N, des passages
horizontaux mettant en communication les huit escaliers ; ces passages,
portes sur des linteaux, forment une seconde couronne qui coupe la
fleche d'une maniere facheuse. Nous admettons que ces passages elaieizt
prevus par l'auteur du projet, mais que leur horizontalite etait inter-
rompue par la silhouette des gables passant devant eux; disposition
qu'explique notre figure 9. Le pied de la pyramide fortement maintenu
au moyen des pieds-droits S, celle-ci pouvait etre construite, au-dessus
des arcs V, au moyen de chassis de pierre entre les aretiers, confor-
mement a Pexecution definitive. On pensera peut-etre que nous pre-
tons a l'architecte auteur du projet de la tleche de Strasbourg des
idees qu'il n'a pas eues, mais on ne prete qu'aux riches. L'art de l'ar-
chitecture, surtout aux epoques ou il devait employer des sommes
enormes pour mettre ses idees a execution, peut etre difficilement
juge par ce que le temps nous a laisse. Le plus souvent les conceptions
les plus heureuses, les plus etudiees, sont rendues d'une maniere in-
complete, faute de ressources, ou ont ete mutilees par le temps et des
restaurations facheuses. C'est le malheur de cet art, de ne pouvoir
transmettre ses conceptions dans leur purete. Ayant presente la tteche
actuelle de la cathedrale de Strasbourg comme une muvre manquee,