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teau, et comme, de nos jours, il n'y a pas de place de gUGPPÜ 521115
citadelle. Toute bonne citadelle doit commander la ville et rester
cependant independante de ses defenses.
Au moyen age, il en etait de meme du chäteau, et le ClÜÜÄOÜ etalt
au chateau ce que celui-ci etait a la ville. Les garnisons du moyen
possedaient une defense de plus que les notres : chassees de la cite,
elles se retiraient dans le chateau; celui-ci pris, elles se refuglalolll
dans le donjon; le donjon serre de trop pres, elles pouvaient encore
courir la chance de sechappeif par une issue habilement masquee, ou
de passer a travers les lignes de circonvallation, la nuit, par un coup
hardi. Mais cette disposition du donjon appartenant a la forteresse
leodale n'et.ait pas seulement prise pour resister ou echapper a l'en-
nemi du dehors, elle etait la consequence du systeme feodal. Un sei-
gneur, si puissant qu'il fut, ne tenait sa puissance que de ses vassaux.
Au moment du peril, ceux-ci devaient se rendre a l'appel du seigneur,
se renfermer au besoin dans le chateau et concourir a sa defense;
mais il atrrivait que ces vassaux n'etaient pas toujours d'une fidelite
a toute epreuve. Souvent l'ennemi les gagnait; alors le seigneur trahi
n'avait. d'autre refuge que son donjon, dans lequel il se renfermait
avec ses gens a lui. Il lui restait alors pour derniere ressource, ou
de se defendre jusqu'au Fextremite, ou de prendre son temps pour
s'echapper, ou de capituler.
Nous l'avons dit ailleurs (voy. GHATEAU), le systeme de la defense
des places, pendant la feodalite, n'etait qu'une serie de moyens accu-
mules par la defiatnce, non-seulement envers un ennemi declare, mais
envers les garnisons memes. C'est pourquoi Fetude des forteresses de
cette epoque fournit un sujet inepuisable d'observations interessantes.
La defiance aiguise l'esprit et fait trouver des ressources. En effet, si
quelques chateaux presentent des dispositions d'ensemble a peu pres
semblables, les donjons offrent au contraire une variete infinie, soit
dans la conception generale, soit dans les details de la flefense. Les
seigneurs, pouvant etre a chaque instant en guerre les uns avec les
autres, tenaient beaucoup a ce que leurs voisins ne trouvassent pas,
s'ils venaient attaquer leurs chateaux, des defenses dispose-es comme
celles qu'ils possedaient chez eux. Chacun singeniait ainsi a derouter
son ennemi, parfois l'ami de la veille : aussi, lorsqu'un seigneur rece-
vait ses egaux dans son chateau, fussent-ils ses amis, avait-il le soin
de les loger dans un corps de bätiment special, les recevait-il dans la
grandsalle, dans les zippartements des femmes, mais ne les conduisait-il
que tres-rarement. dans le donjon, qui, en temps de paix, etait ferme,
menacant, pendant qu'on se donnait reciproquement des temoignages
(Tamitie. En temps de paix, le donjon renfermait les tifesors, les armes,
les archives de la famille, mais le seigneur n'y logeait Püinlfä {N19 S_Y
retirait seulement, avec sa femme et ses enfants, que s'il lui fallait
appeler une gai-nison dans l'enceinte du chateau. Gomme Il ne pouvali