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struetion anterieure, mais s'avance en forme de bec saillant, pour
donner aux angles plus d'acuite, un aspect plus resistant; que les
colonnes portant les pinacles font "sentir davantage encore cette aeui-'
te, et se rapprochent, par la maniere dont elles sont plantees, d'un
triangle equilateral ; qu'ainsi l'architecte a voulu evidelnment accuser
vivement les angles, craignant avec raison l'aspect froid et sec du plan
carre.
Examinons lelewfation de cette f1eche(_f1g. 6). Si la lumiere du soleil
eclaire obliquementfune de ces faces (ce qui est, bien entendu, le cas
le plus frequent), si cette lumiere frappe cette face de droite a gatuche,
l'angle A de la corniche. inferieure, biaisec, comme l'indique le plan,
se colorera d'une legere demi-teinte, tandis que l'angle B sera en
pleine lumiere, a plus forte raison les faces GD des pinacles; l'oppo_
sition de la demi-teinte repamltle sur la face C, biaise, du pinacle de
droite fera ressortirla lumiere accrochee par la face oblique de la pyra-
mide et par sa face parallele au spectateur, comme l'ombre repandue
sur la face oblique de cette pyramide fera d'autant mieux ressortir la
vive lumiere que prendra la face D, biaise, du pinacle de gauche. Ainsi
a-t-on evite qu'une partie de ledifice fut entierement. dans l'ombre,
tandis que l'autre serait dans la lumiere, disposition qui produit un
mauvais effet et fait parattre de travers toute p_vra1nide ou cone se
detacrhant sur le ciel.
Jetons les yeux sur la coupe de la tleche de Saint_Denis (fig. 7) faite
sur l'un des axes passant par le milieu des lucarnes. Les gables allon-
ges Ade ces lucarnes sont verticaux, mais ne paraissent tels qu'en
geonletral; en perspective, ils semblent necessairement plus ou moins
inclines, amoins que le spectateur ne se trouve preciseäment dans le
plan de ces gables. On voit comment la colonnade n'est qu'un etaye-
ment. rigide reportant la charge de la fleche sur le parement interieui"
de la tour. Le trace perspectif G indique un des pinacles (l'angle de-
moli et son amorce le long des faces de la fleche. Par suite de l'incli-
naison de ces faces, les colonnettes engagees dans la construction et
prises dans ses assises, jusqu'au niveau D, s'en (letatzhent a partir de
ce niveau et sont monostyfles. Les sommiers E, les deux assises de cor-
niches GH, sont engages dans les assises de la fleche. On observera
que la seconde assise H n'estpas parallele a la premiere G, mais qu'elle
tend a ouvrir un peu l'angle de la pyramide pour accrocher plus de
lumiere. Cette seconde assise H, se retournant le long de la face de la
fleche sur un renfort I, forme une saillie H' portant la face poslerieure
de la pyramide triangulaire du pinacle et un cheneau rejetant ses eaux
par deux gargouilles. En K, nous avons trace le plan de cette pyramide,
dont le sommet est place de telle sorte que les trois faces ont une in-
clinaison pareille. Le jeu de ces lignes plus ou moins inclinees etait
des plus heureux, coupait adroitement les aretes rigides de la fleche
sans (3I11päCh6l' l'oeil de les suivre, avait quelque chose de hardi et. de
fin tout; a la fois, qui charmait.