L FENETRE ] 400
de Tonnerre. La construction ne consiste donc qu'en des contre-forts
ou piles" portant les voütes; puis, comme cloture, il nly a que des cloi-
sons ajourees, posees en dehors et recevant les cheneaux. Ce sont de
veritables chässis qu'on peut poser apres coup, changer, reparer, reni-
placer sans toucher a lieditlce. Il n'est pas besoin de faire ressortir les
avantages qui resultent de ce systeme, parfaitement raisonne, qui per-
met les decorations les plus riches et les plus legeres sans rien oter
la hatisse de sa solidite et de sa simplicite.
Pendant le xlve siecle, cependant, on abandonne, meine en Cham-
pagne, ce systeme de fenestrage inscrit dans les formes rectangulaires
pour les edifices religieux, et l'on en revient a prendre les formerets
des voutes comme archivoltes (les baies; mais les meneaux deviennent
de plus en plus delies, et arrivent a des sections d'une extreme zlelica-
tesse afin de laisser aux vitraux, dest-a-dire aux surfaces clecoratives
colorees, le plus de surface possible. (Voy. MENEAU.)
FnNrTmzs APPARTENANT A L'ARCHITECTURE CIVILE ET MILITAIRE. Dans
l'architecture antique grecque et romaine, c'est la structure interieure
des vaisseaux a eclairer qui commande la forme et la dimension des
fenetrcs. Ce meme principe est applique avec plus de rigueur encore
par les architectes du moyen äge. Si la forme cintree convient a des
baies dont les vitraux sont dormants, et qui sont inscrites par des
voütes, on conviendra que cette forme ne peut guere etre zippliquee
a des baies qu'il faut ouvrir souvent et qui sont percees entre des planf
chers. Ainsi que nous l'avons dit en commencent, cet zirticle, les ferie-
tres des premiers siecles du moyen fige sont tries-rarement garnies
de vitraux dans les editices publics; mais il fallait bien, dans les lmbi-
tations privfees, se garantir du froid et du vent, ne fut-ce que pendant
la nuit : alors les fenetres etaient closes par des volets de bois; quand
on voulait de l'air et de la luiniere, on ouvrait les volets. Les inconve-
nients de ce moyen primitif obligerent bientot les architectes a percer
ces volets de quelques trous que l'on garnissait de verre ou de parche-
min. Puis on en vint a faire des chassis de bois recevant des vitraux,
du papier, du parchemin ou de la toile.
Quelques fenetres d'habitations du x16 siecle, comme celles de nos
anciens donjons normands, par exemple, ne laissent voir nulle trace
de fermeture ancienne ; il est a croire qu'elles etaient closes au moyen
de nattes, de courtines de laine ou de grosse toile: on voit en effet
souvent figurees dans les manuscrits carlovingiens des baies garnies de
ces tentures mobiles glissant sur des tringles, et retenues par des em-
brasses lorsqu'on voulait faire entrer l'air et la lumiere dans les inte-
rieurs. Dejä, certainement, les habitations urbaines, celles des bour-
geois qui se livraient a un travail quelconque dans Finterieui- de leurs
maisons, etaient percees de fenetres vitrees ou parcheminees, alors
que les chäteaux conservaient encore les anciens usages, car les sei-
gneurs feodaux et leurs hommes ne se reunissziient guere que le soir