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grossiere, obtenue sans moules, le tout paraissant monte enterre a la
main; mais il faut reconnaitre qu'a la hauteur a laquelle ces objets
etaient places, il n'etait pas besoin d'une execution soignee pour pro-
duire de l'effet. On allait chercher ces epis en fabrique, comme au-
jourd'hui on va chercher des pots a fleurs et toutes les poteries ordi-
naires, et on les employait tels quels. Bientot ces formes parurent trop
rigides, pas assez decoupees; les pinacles de pierre se couvraient de
crochets saillants,les faitages des combles se tleuronnaient. : on donna
aux epis de terre cuite une apparence moins architectonique et plus
libre; on voulut y trouver des ajours, des saillies prononcees; on tit
leur tige principale plus grele; elle n'enveloppa plus le bout du poin-
con de bois, mais une broche de fer.
L'en1ploi de la tuile etait moins frequent cependant, "celle-ci etant
remplacee par le metal ou l'ardoise; les poincons de terre cuite deve-
naient par consequent moins communs.
Nous avons dessine a Villeneuve-l'Archeveque, il y a plusieurs an-
nees, un poincon de terre cuite sur une maison qui datait du XVB siefle:
il etait compose de trois pieces (fig. 5) et completement vernisse (Femail
brun; les joints etaient en A et B; la tige de fer qui maintenait la
poterie s'emmanchait sur un moignon du poincon, ainsi qu'il est
indique en C.
Le xvic siecle remplaca les epis de terre cuite vernissee par des epis
de faience, dest-a-dire de terre emaillee. Les environs de Lisieux en
possedaient un grand nombre sortis des fabriques de la vallee (l'Or-
becl; la plupart de ces objets ont ete achetes par des marchands de
curiosites qui les vendent aux amateurs comme des faiences de Pa-
lissy, et il faut aujourd'hui aller plus loin pour rencontrer encore quel-
ques-uns de ces epis [de faience de la renaissance, si communs il y a
vingt ans. Un des plus remarquables parmi ces produits de l'industrie
normande se trouve au chateau de Saint-Christophe le Jajolet (Orne).
Nous en donnons ici (fig. 6) une copie? Cet epi de faicnce se compose
de quatre pieces dontles joints sont A, B, G. Le tout est enfile par une
broche de fer. Le socle est jaune mouchete de brun; le vase est bleu
clair avec ornements jaunes et tetes naturelles; les fleurs sont blan-
ches avec feuilles vertes et graines jaunes; le culot est blanc, la boule
jaune bistre et l'oiseau blanc tachete de brun.
Les fabriques de faiences de Rouen, de Beauvais, de Nevers, four-
nissaient ces objets de decoration exterieure a toutes les provinces
environnantes ; malheureusement l'incurie, l'amour de la nouveaute, la
mode des combles depourvus de toute decoration, les ont fait dispa-
raitre, et les musees de ces villes n'ont meme pas su en sauver quel-
ques debris. Les idees nouvelles qui, au XVIle siecle, tendaient a en-
' Voyez le Bullet. monument. de M. de Caumont, tome XVI
cädäs cä-ramiques du moyen äge.
5 Ce dessin nous a ätä fourni par M. Ruprich Robert.
Notes sur
fluelques pro-