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ENGIN
avait bientot brisees. Au siege de Ghateauroux, Philippe-Auguste, apres
avoir investi la ville, attache les mineurs au pied des remparts, detruit
les merlons au moyen de pierrieres, dresse un belier devant la porte
(r toute doublee de fer tait avancer des tours mobiles en face des
zlefenses de l'ennemi, Couvre les parapets d'une pluie de carreaux, de
tleches et de balles de fronde 1. L'effet du belier etait desastreux pour
les remparts non terrasses: on ouvrait des breches assez promptement,
au moyen de cet engin puissant, dans des murs epais, si les assieges
ne parvenaient pas a neutraliser son action repetee; aussi les assie-
geants mettaient-ils tout leur soin a bien proteger cette poutre mobile,
ainsi que les hommes qui la mettaient en mouvement. Pour offrir le
moins de prise possible aux projectiles des assieges, on donnait a la
couverture du belier beaucoup d'inclinaison; on en faisait une sorte de
grand toit aigu a deux pentes, avec une croupe vers Yextremite poste-
rieure, le tout recouvert de tres-forts madriers renforces de bandes
de fer et revetu, comme il est dit ci-dessus,de peaux de cheval ou
de boeuf fraiches, enduites de terre grasse petrie evec du gazon ou du
fumier.
La figure 31 montre la charpente de cet engin depouillee de ses ma-
driers et de ses pannes. Ce belier A, poutre de 10m de long au moins,
etait suspendu a deux chaines paralleles B attachees au sous-faite, de
maniere a obtenir un equilibre parfait. Pour mettre en mouvement
cette poutre et obtenir un choc puissant, des cordelles etaient attachees
au tiers environ de sa longueur, en C; elles permettaient a huit, dix
ou douze hommes de se placer a droite et a gauche de l'engin. (les
hommes, tres-regulierement poses, manai-uvraient. ainsi : un pied D res-
tait a lameme place,le pied droit pour les hommes de la (lroite, le pied
gauche pour ceux de la gauche. Le premier mouvement etait celui figure
en E : il consistait, la poutre etant dans sa position normale AH, a la
tirer en arriere; apres quelques efforts mesures, la poutre arrivait au
niveau Alors le second mouvement des servants etait celui F. La
poutre parcourait alors tout l'espace KL. Le troisieme mouvement
est indique en G. La tete H du belier rencontrant la muraille comme
li son, faite de mcrrien, qui est couverte de cuirs crus, afin que feu n'y puisse prendre,
a et devant celle maison a un grant tref, lequel a le bout couvert de fer, et le lieve l'en
ff ä chayennes et ä cordes, par quoy ceulz qui sont dcclens la maison puent embntrc le truf
i jusques aux murs. et le retrait-on en arriere quant on veult, en maniere d'un mouton
qui se recule quant il veut ferir, et pour ce est-il appellez mouton"... Assez (Fautres
fi manieres sont pour graver ceuls de dehors, mais contre l'engin que on appelle mouton,
w on fait un autre que on appelle loup; eculx du chastel font un fer courbe, ä tres fors
l! dens agus, et le lie-l'en ä cordes, par quoy ilz prennent le tref, qui est appele mouton;
u ndont, quant il est pris, ou ilz le trayent du tout amont, ou ilz le lient si hault que il ne
4- peut plus nuire aux murs du ehastel. l) (Christ. de Pisan, le Livre des faicts et bonnes
THGIWS flU Sage roy Charles, chap. xxxv et xxxvn.)
f Guill. le Breton, la Philippide, chant II.