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ENGIN
u et la queue dou feu qui partoit de li (la fusee) estoit bien aussi grans
ff comme uns grans glaives. Il faisoit tel noise ou venir (tel dommage
a en tombantl, que il sembloit que ce fust la foudre dou ciel ; il sem-
(f bloit un (lrzigou qui volast par l'air. Tant getoit grant clartei, que l'on
f: veoit aussi clair parmi l'est comme se il fust jours, pour la grant foi-
4: son dou feu quijetoit la grant clartei..... a
Ces barils remplis de matieres inflammables paraissent etre lances
par des pierrieres ou caables, comme celui represente figures 7 et 8;
ils etaient munis d'une fusee et contenaient une matiere composee
de soufre, d'huile de naphte, de camphre, de bitume ou de resine, de
poussiere de charbon, de salpetre et peut-etre d'antimoine. A cette
epoque, au milieu du xme siecle, il semble, d'apres Joinville, que nos
machines de jet fussent inferieures a celles des Turcs, puisque notre
auteur, toujours sincere, a le-soin de dire que nos engins ne produi-
saient pas grand effet. Ce n'est guere, en effet, qu'a la tin du XIIIO siecle
que les engins paraissent etre arrives, en France, a une grande perfec-
tion. On s'en servait beaucoup dans les guerres du Xlvf siecle etmeme
apres l'invention de l'artillerie a feu.
Les trebuchets, les mangonneaux, etaient places, par les zissieges,
derriere les courtines, sur le sol, et envoyaient leurs projectiles sur
les ennemis en passant par-dessus la tete des arbaletriers poses sur
les chemins de ronde. Mais, outre les pierrieres ou caables, que l'on
mettait en batterie au niveau des chemins de ronde sur des plates-
formes elaifgissant ces chemins de ronde (ainsi que nous l'avons fait
voir dans l'article ARCHITECTURE ivuLrrAim-gfig. 32), les armees du moyen
agc possedaient encore Parbalete a tour, qui etait un engin terrible,
avec lequel on laneait des dards d'une grande longueur, des barres de
fer rougies au feu, des traits garnis d'etoupe et de feu gregeois' en
forme de fuseesz. (les atrbaletes a tour avaient cet avantage qu'elles
pouvaient etre pointees comme nos pieces d'artillerie; ce qu'on ne
pouvait faire avec les mangonneaux ou les trebuchets : car, pour ces
derniers engins, s'il etait possible de regler le tir, ce ne pouvait etro
toujours que dans un meme plan ; si l'on voulait faire devier le pro-
jectile a droite ou a gauche, il fallait manoeuvrer l'engin entier, ce qui
etait long. Aussi les mangonneaux et les trebuchets n'etaient employes
que dans les sieges, soit par les assiegeants pour envoyer des pi-ojec-
tiles sur un point des defenses de la ville, soit par les assieges pour
battre des travaux d'approche ou des quartiers ennemis. Les arbaletes
a tour tiraient sur des groupes de travailleurs, sur des engins, sur des
colonnes serrees, et elles produisaient l'effet de nos pieces de cam-
' uTmis foiz nous gcterent le fou gregois, celi soir, et nous le lalicicrunl; quatre foiz
ä Farbalestrc 5x tour. s: (Joinville, Hist. de saint Louis.)-w1 Li frcre le roi gaitoient les
chas-chastiaus de jour ct montaient ou chaste! en haut (cfest-ä-dire qu'ils ütaient de
service au sommet des beffrois) pour traire aus Sarrazins des arhalestres de quarriaus
qui aloient parmi l'est aus Sarrazins. n
f Voyez, au Dictionn. du nwbilier, l'article TRAIT A vounma. 31
V.