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pulsion tres-violente est donnee a la verge, et par suite au projectile;
celui-ci, sous l'empire de cette force premiere, decrit sa courbe plus
rapidement que la verge ne decrit son arc de cercle, d'autant que le
mouvement de celle-ci se ralentit a mesure qu'elle approche de son
apogee; des lors les brides de la fronde doivent faire un angle avec la
verge, ainsi qu'on le voit en M.
(Yetaient donc les hommes places a la base du contre-poids qui re-
glaient le tir, en appuyant plus ou moins sur les cordes de tirage. S'ils
appuyaient fortement, la verge decrivait son arc de cercle avec plus de
rapidite, la force centrifuge du projectile etaitplus grande; celui-ci depas-
sait plus tot la ligne de prolongement de la verge ; le bras mobile de la
fronde se detachziit plus tot, et le projectile s'elevait plus haut, mais par-
courait un moins grand espace de terrain. Si, au contraireJes hommes
du contre-poids appuyaient mollement sur les cordes de tirage ou
nappuyaienl pas du tout, le projectile etait plus lent a depasser la ligne
de prolongement, de la verge; le bras mobile de la fronde se detachait
plus tard, et le projectile, nhbandonnant sa poche que lorsque celle-ci
avait depasse la verticale, s'elevait moins haut, mais parcourait un
espace de terrain plus etendu. Ainsi le merite d'un bon maitre engin-
gneur etait, d'abord, de donner aux brides de la fronde la longueur
voulue en raison du poids du projectile, puis de regler l'attache de ces
deux brides, puis enfin de commanderdäippuyerplus ou moins sur les
cordes de tirage, suivant qu'il voulait envoyer son projectile plus haut
ou plus loin.
Il y avait donc une difference notable entre le trebuchet et le man-
gonneau. Le trebuchet etait un engin beaucoup moins docile que le
mangonneau, mais il exigeait moins de pratique, puisque, pour en re-
gler le tir, il suffisait d'un homme qui sut attacher les brides de sous-
tension de la fronde. Le mangonneau devait etre dirige par un engin-
gneur habile et servi par des hommes au fait de la manoeuvre, sinon
il etait dangereux pour ceux qui Femployaient, Il est en effet quelque-
fois question de rnangonneaux qui blessentet tuent leurs servants : une
fausse manoeuvre, un tirage exerce mal a propos sur les cordes du
contre-poids, et alors que celui-ci avait dejä fait une partie de sa revo-
lution, pouvait faire decrocher la bride de la fronde trop tard, et pro-
jeter la pierre surles servants places a la partie anterieure de l'engin.
Il serait superflu d'insister davantage sur le meoanismfa de ces engins
a contre-poids; nous n'avons pretendu ici que donner a cette etude
un tour plus pratique que par le passe. Il est clair que pour connaitre
exactement les effets de ces formidables machines de guerre, il fau-
drait les faire fabriquer en grand et les mettre a Pepreuve, ce qui au-
jourd'hui devient inutile en face des canons rayes; nous avons pense
qu'il etait bon de faire connaitre seulement que nos peres appOPtHiGHt
dansfart de tuer les hommes la subtilite et l'attention qu'ils mettaient
a leur bätir des palais ou des eglises. (les batteries d'engins a contre-
poids, qui nuit et jour envoyaient sans treve des projectiles dans les