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substituant un frottement sur les tourillons a un choc produit par une
brusque tension.
(les engins a contre-poids furent en usage jusqu'au moment oii l'ar-
tillerie a feu vint remplacer toutes les machines de jet du moyen fige.
Le savant bibliophile M. Pichon possede un compte (attachement) de
Ce quia ete paye pour le transport d'un de ces engins en 4378, lequel
avait servi au siege de Gherbourg. Voici ce curieux document, que sou
possesseur a bien voulu nous communiquer: a La monstre Thomin
a le bourgois de Ponlorson gouverneur de l'engin de 1a dite ville, du
a maistre charpentier, de V autres charpentiers, de X mzicons et can-
a cours, de XL tendeurs et XXXI charrets a compter le cariot qui porte
w la verge (Yiceluy engin; pour trois charreltiers qui sont ordennes
a servir celui engin au siege de Gherbourt, venu a Garent-an, et nous
a Endouin Ghanneron, dotteur en la seigneurie, bailly de Gostentin et
a Jehan des lles, bailly illec pour le roy notre sire es terres qui furent
u au roy de Navarre, comis et deputez en ceste partie, de par nos sei-
a gneurs les generaulx (ommis du roy notre sire pour le fait dudit
u siege; le XV jour de novembre l'an MGCCLXXVIII.
a Et premierement:
a Le dit Thomin, le maistre gonduom du dit engin, X jours. X F
avaultpourXjours. (IT
a Soine ci-dessus.
a Michel Roulfe, maistre charpentier dudit engin, X jours. V F
uvaultpourXjours. G1"
u E10. v
Suit le compte des charpentiers, macons, tendeurs, charrettes et
chevaux. Cet attachement fait connaitre l'importance de ces machines
qui exigeaient un personnel aussi nombreux pour les monter et les
faire agir. Le chiffre de quarante tendeurs indique ainsi la puissance
de ces engins : car, en supposant qu'ils fussent divises en deux bri-
gades (leur service etant tres-fatigant, puisqu'ils etaient charges de la
manoeuvre des treuils), il fallait donc vingt tendeurs pour abaisser
la verge du trehuchet. Les macons etaient probablement enlployes a
dresser les aires de niveau sur lesquelles on asseyait l'engin 1. Pierre de
Vaux-Cernay, dans son Histoire des Albzgeois, parle de nombreux man-
gonneaux dresses par Farmee des croises devant le chateau des Termes,
et qui jetaient contre cette place des pierres enormes, si bien que ces
projectiles firent plusieurs breches. Au siege du chäteau de Minerve
(en Minervois), dit ce meme auteur, a on eleva du cote des Gascons
1 On peut encore constater l'importance de la construction de ces engins en consultant
les anciens comptes et inventaires de forteresses. Quand, en 1428, on detruisit l'engin
etabli sur la tour Saint-Paul il Orlüans, pour le remplacer par une bombarde, la char-
pente de cette machine de guerre, qui etait ou un trebuchct ou un mangonneau, remplit
vingt-six voitures, qui furent conduites Ü. la chambre de la ville. (Jollois, Histoire du
siefge d'0rle'ans, chap. I". Paris, 1833.)