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Or, pour que les murs aient ete froisses, endommages parles caables,
l faut admettre que les caables langaient. des blocs de pierre. Le Cüilble
est donc une pierriere. c Une grande periere, que l'on claime chaalile,
si grosse a Guibert de Nogent, dans son Histoire des croisades i,
parle des nombreuses balistes qui furent dressees autour des murailles
de la ville de Cesaree par Farmee des chretiens. Ces caables ou chaables
et ces balistes nous paraissent etre une imitation des engins a ressorts
en usage chez les Romains et perfectionnes par les Byjzantins. Il est
certain que ces engins avaient une grande puissance; car le meme
auteur rapporte que ces machines vomissaient avec fureur les plus
grosses pierres, qui, a non-seulement allaient frapper les murs exte-
u rieurs, mais souvent meme atteignaient de leur choc les palais les
u plus eleves dans Pinterieur de la ville n. Ces balistes etaient posees
sur des roues, et pouvaient ainsi etre changees de place suivant le
besoin; cetait la, d'ailleurs, une tradition romaine, car sur les bas-
reliefs de la colonne Trajane on voit quelques-uns de ces engins poses
sur des chariots traines par des chevaux. Beaucoup d'auteurs ont
essaye, en s'appuyant sur les representations peintes ou sculptees
du moyen age, de rendre compte de la construction de ces machines de
jet; mais ces interpretations figurees nous paraissent etre en (lehors
de la pratique et ressembler a des jouets d'enfants assez naivement
concus. Cependant leur effet, bien qu'il ne put etre compare a celui
produit par l'artillerie a feu, oceasionnait de tels desordres dans les
travaux de fortification, qu'il faut bien croire aleurpuissance et tacher
d'en donner une idee exacte. C'est ce a quoi nous nous attachons dans
les figures qui vont suivre, et qui, tout en respectant les donnees
generales que nous fournissent les vignettes des manuscrits et les
bas-reliefs, sont etudiees comme s'il fallait en venir a Texecution. Bien
entendu, dans ces figures, nous n'avons admis que les procedes me-
caniques connus des ingenieurs du moyen fige.
Voici donc d'abord un de ces engins, baliste, caable ou pierriere,
mu par des ressorts et des cordes bridees, propre a lancer des pierres
(fig. 7). La piece principale est la verge A, dont Fextremite inferieure
passe dans un faisceau de cordes tordues au moyen de clefs B et de
roues a dents C, arretees par des cliquets. Les cordes sont passees
dans deux anneaux tenant a la tige a laquelle la roue a dents vient
s'adapter, ainsi que l'indique le detail D. Ces cordes ou nerfs tordus
a volonte a la partie inferieure de la verge avaient une grande force
de rappela. Mais, pour augmenter encore la rapidite de mouvement
que devait prendre la verge, des ressorts de bois et nerfs entoures de
1 Guillaume de Tyr, liv. VI, chap. xv.
2 Liv. Vll.
"i On sait que les menuisiers tendent les lames de scie au moyen de cordes amadtoidläiä
e x10
1L bridücs par un petit morceau de bois qui fait absolument leffet de la verge
mgin.