211 [ ENGIN ]
etaient fort avances dans les arts mecaniques ; ce qui ne peut surprendre,
si l'on songe aux connaissances qu'ils avaient acquises en geometrie
des une epoque fort ancienne et qu'ils tenaient peut-etre des Pheni-
ciens. Depuis Fantiquite, les puissances mecaniques n'ont pas fait un
pas; les applications seules de ces puissances se sont etendues, car les
lois de la mecanique derivent de la geoinetrie : ces lois ne varient pas,
une fois connues; et parmi tant de choses, ici-bas, qu'on donne comme
des verites, ce sont les seules qui ne peuvent etre mises en doute.
Les anciens connaissaient le levier, le coin, la vis, le plan incline, le
treuil et la poulie; comme force motrice, ils ifemployaient que la force
de l'homme, celle de la bete de somme, les courants d'air ou d'eau et
16s poids. Ils n'avaient pas besoin, comme nous, d'economiser les bras
de l'homme, puisqu'ils avaient des esclaves, et ils ignoraient ces forces
modernes produites par la vapeur, la dilatation des gaz et Pelectricite.
Le moyen age herita des connaissances laissees par les anciens sans y
rien ajouter, jusqu'i1 Fepoque ou l'esprit laique prit la tete des arts et
chercha des voies nouvelles en multipliant d'abord les puissances con-
nues, puis en essayant de trouver d'autres forces motrices. De meme
qu'en cherchant la pierre philosophale, les alchimistes du moyen age
firent des decouvertes precieuses, les mecaniciens geometres, en cher-
Chant le mouvement perpetuel, but de leurs travaux, resolurent des
PPObIemes interessants et qui etaient ignores avant eux ou peut-etre
Oublies ; car nous sommes dispose a croire que les Grecs, doues d'une
Hctivite d'esprit merveilleuse, les forces motrices de leur temps admises
Seules, avaient pousse les arts mecaniques aussi loin que possible.
ENGINS APPLIQUES A LA CONSTRUCTION. Nous voyons, dans des manu-
scrits, bas-reliefs et peintures du 1x2 au xne siecle, le treuil, la poulie,
la roue d'engrenage, la romaine, les applications diverses du levier et
des plans incline-s. Nous ne saurions preciser lepoque de la decouverte
du cric; mais deja, au XIVe siecle, son principe est parfaitement admis
dans certaines machines de guerre.
D'ailleurs chacun sait que le principe en mecanique est celui-ci,
Savoir : que la quantite de mouvement d'un corps est le produit de sa
vitesse, dest-a-dire de l'espace qu'il parcourt dans un temps donne,
Pal" Sa masse; et une fois ce principe reconnu, les diverses applications
devaient s'ensuivre naturellement, avec plus ou moins d'adresse. Dans
198 constructions romanes, on ne voit guere que de petits materiaux
employes, materiaux qui etaient montes soit a Pepaule, soit au bour-
riquet au moyen de poulies, soit en employant le treuil a roue que des
hommes de peine faisaient tourner par leur poids (fig. l). Cet engin
Primitif est encore mis en oeuvre dans certains departements du centre
et de l'ouest de la France. Il est puissant lorsque la roue est d'un dia-
metre de Bmetres, comme celle que nous avons tracee dans cetexemple,
ef qu'on peut la faire mouvoir par la force de trois hommes; mais il a
l lnconvenient d'occuper beaucoup de place, d'etre d'un transport diffi-
Oile, et il ne permet pas de regler le mouvement d'ascension comme