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statues. Leglise Saint-Seurin de Bordeaux a conserve les siennes,
ainsi que les cathedrales de Strasbourg et de Reims. Ulilglise et la Sy-
nagogue manquent parmi les statues de nos grandes cathedrales vrai-
ment francaises, comme Gliartres, Amiens, Bourges; elles n'existent
qu'a Paris et a Reims. On doit observer a ce propos que les statues de
l'Eglise et de la Synagogue, mises en parallele et occupant des places
tres-apparentes, ne se trouvent que dans les villes ou il existait, au
moyen äge, des populations juives nombreuses. Il n'y avait que peu
ou point. de Juifs a Ghartres, a Bourges, a Amiens; tandis qu'a Paris, il
lteims, a Bordeaux, dans les villes du Rhin, en Allemagne, les familles
juives etaient eonsiderables, et furent souvent l'objet de persecutions.
La partie inferieure de la faeade de Notre-Dame de Paris ayant ete batie
sous Philippe-rtuguste. ennemi des Juifs, il n'est pas surprenant qu'on
ait, a cette epoque,voulu faire voir a la foule Fetat dünferiorite dans
lequel on tenait a maintenir l'ancienne loi. A Bordeaux, ville passable-
ment peuplee de Juifs, au xuie siecle, les artistes statuaires qui sculp-
terentles figures du portail meridionzil de Saint-Seurin ne se bornerent
pas a poser un bandeau sur les yeux de la Synagogue, ils entourerent,
sa tete d'un dragon (fig. l), ainsi que l'avaient fait les artistes parisiens.
La Synagogue de Saint-Seurin de Bordeaux a laisse choir sa couronne
a ses pieds; elle ne tient que le troneon de son etendard, et ses tablettes
sont renversees; a sa ceinture est attachee une bourse. Est-ce un eni-
bleme des richesses qu'on supposait aux mains des Juifs? En A, est
un detail de la tete de cette statue.
A la cathedrale de Bamberg, dont la statuaire est si remarquable, et
rappelle, plus qu'aucune autre en Allemagne, les bonnes ecoles fran-
caises des xue et xmt siecles, les representations de FEgIise et de la
Synagogue existent encore des deux cotes du portail nord; et fait
curieux, en ce qu'il se rattache peut-etre a quelque acte politique de
lepoque, bien que ce portail soit du xue siecle, les deux statues de l'An-
cienne et de la Nouvelle Loi sont de 1230 environ g de plus, elles sont
aceompagnees de figures accessoires qui leur donnent une signification
plus marquee que partout ailleurs.
La Synagogue de la cathedrale de Bamberg (fig. 2) repose sur une
colonne alaquelle est adossee une petite figure de Juif, facile a recon-
naitre a son bonnet pointul. Au-dessus de cette statuette est un diable
dont les jambes sontpourvues d'ailes; il s'appuie sur le bonnet du Juif.
La statue de l'Ancienne Loi est belle; ses yeux sont voiles par un ban-
deaudetmitte: de la main gauche elle laisse echapper cinq tablettes, et
de la droite elle tient apeine son etendard brise. On ne voit pas de cou-
ronne a ses pieds. En pendantua la gauche du spectateur, par conse-
quent a la droite de la porte, l'Eglise repose de meme sur une colon-
1 Personne n'ignore qu'au moyen üge, dans les villes, les Juifs ätaient obligäs de pOPlGT
un bonnet d'une forme particulibre, ressemblant assez in celle d'un entunnoxr ou dune
lampe de suspension renversäc.