433 [ IÜJCHAUGUETTE 1
un large contre-fort rectangulaire naissant sur le "talus inferieur et
portant Pencorbellement du premier redan; puis un second contre-
fort en encorbellement lui-meme, portant la saillie du second redan.
Des larmiers abritent les profils et empechent la pluie de baver sur les
parements.
Dans l'architecture militaire, les echauguettes n'ont ete abandon-
nees qu'apres Vauban. On les regardait comme utiles, meme avec l'ar-
tillerie a feu, pendant les xvi" et xvilt siecles; les angles saillants des
bastions portaient encore des echauguettes, il y a deux cents ans, des-
tinees uniquement a abriter les sentinelles. Il va sans dire qu'en cas
de siege, detait la premiere chose qu'abattait Fassaillant. Cette per-
sistance de Yechauguette constate seulement son importance dans les
ouvrages militaires du moyen age, puisqu'on eut tant de peine a l'aban-
donner, meme apres que tout le systeme de la defense s'etait trans-
forme. Les dernieres echauguettes sont en forme de poivriere, tres-
etroites, portees sur un cul-de-lampe et n'ayant que la valeur d'une
guerite, dest-a-dire bonnes seulement pour surveiller les dehors,
mais ne pouvant servir a la defense. Cependant, au commencement
du xvic siecle, et au moment ou l'on etablit deja des boulevards reve-
tus, en dehors des anciennes enceintes, lorsque ces boulevards pre-
sentent un angle saillant (ce qui est rare, la forme circulaire etant
alors admise), cet angle saillant est garni quelquefois d'une assez large
echauguette quadrangulaire, posee la face sur l'angle du boulevard,
ainsi que l'indique la fig. 18. Ges echauguettes pouvaient recevoir un
fauconneau; elles etaient ordinairement revetues de combles de dalles
posees sur une voüte, decorees d'armoiries et d'autres ornements qui
donnaient aux saillants des boulevards un certain air monumental. Le
temps et les boulets ont laisse peu de traces de ces petits ouvrages que
nous ne retrouvons plus que dans d'anciennes gravures; et c'est a peine
si aujourd'hui, sur nos vieux bastions francais, on apercoit quelques
assises des encorbellements qui portaient ces sortes dechauguettes.
Sur les boulevards de terre et clayonnages dont on iit un grand
usage pendant les guerres du XVIe siecle pour couvrir d'anciennes for-
tifications, on etablissait des echauguettes de bois en dehors de l'angle
saillant des bastions et au milieu des courtines (fig. 18 bis), afin de
permettre aux sentinelles de voir ce qui se passait au fond des fosses.
Ces sortes dechauguettes sont employees jusqu'au xvne siecle.
On etablissait aussi des echauguettes transitoires de bois sur les
chemins de ronde des fortifications du moyen äge; ces echauguettes
se reliaient aux hourds et formaient des sortes de breteches (voy. ce
mot).Quant aux echauguettes ademeure, de charpente, nous les avons
scrupuleusement detruites en France. A peine si nous en apercevons
les traces sur quelques tours ou clochers. Pour trouver de ces sortes
d'ouvrages encore entiers, il faut se decider a passer le Rhin et par-
courir FAIIemagne conservatrice.