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constructeur qui lui indique ce qu'il faut faire dans chaque cas parti-
culier. Nous n'esperons pas faire des constructeurs de ceux auxquels
la nature a refuse cette qualite, mais developper les instincts de ceux
qui la possedent. On n'enseigne pas le bon sens, la raison, mais on peut
apprendre a se servir de l'un et a ecouterPautre.
L'etude des constructions gothiques est utile, parce qu'elle n'adopte
pas ces forn1ules absolues, toujours negligees dans Pexecution par le
praticien, et dont le moindre danger est de faire accorder, a un calcul
qui ne peut tenir compte de tout, la confiance que seule doit inspirer
Fexperience.
Si la construction gothique n'est pas soumise a des formules abso-
lues, elle est l'esclave de certains principes. Tous ses efforts, ses per-
fectionnements tendent a convertir ces principes en lois, et ce resul-
lat, elle l'obtient. Equilibre, forces de compression opposees aux forces
(Pecartement, stabilitc obtenue par des charges reduisant les diverses
forces obliques en pesanteur verticales ; comme consequence, reduc-
tion des sections horizontales des points d'appui : tels sont ces prin-
cipes, et ce sont encore ceux de la veritable construction moderne ;
nous ne parlons pas de celle qui cherche aveuglement a reproduire
des editices eleves dans des conditions etrangeres a notre civilisation
et a nos besoins, mais de la construction que reclament nos besoins
modernes, notre etat social. Si les constructeurs gothiques eussent
eu a leur disposition la fonte de fer en grandes pieces, ils se seraient
enlpares avec empressement de ce moyen sur d'obtenir des points
(l'appui aussi greles que possible et rigides, et peut-etre l'auraient-ils
employee avec plus d'adresse que nous. Tous leurs effortstendent, en
effet, a equilibrer les forces, a ne plus considerer les points d'appui
que comme des quilles maintenues dans la verticale non par leur pro-
pre assiette, mais par la neutralisation complete de toutes les actions
obliques qui viennent agir sur elles. Faisons-nous autre chose dans nos
constructions particulieres, dans nos grands etablissements d'utilite
publique, ou les besoins sont si imperieux, qu'ils font taire l'enseigne-
ment de la routine ? Et si un fait doit nous surprendre, n'est-ce pas de
voir aujourd'hui, dans la meme ville, elever des maisons, des marches,
des gares, des magasins qui portent sur des quilles, couvrent des sur-
faces considerables, en laissant aux pleins une assiette a peine appre-
ciable, et en meme temps des editices ou la pierre accumulee a profu-
sion entasse blocs sur blocs pour ne couvrir que des surfaces compa-
rativement minimes, et ne porter que des planchers n'exercent aucune
pression oblique ? Ces faits n'indiquent-ils pas que l'architecture est
hors de la voie qui lui est tracee par nos besoins et notre genie mo-
derne; qu'elle cherche a protester vainement contre ces besoins et ce
genie; que le temps n'est pas loin ou le public, gene par un art qui
pretend se soustraire a ses tendances, sous le pretexte de maintenir
"les traditions classiques, dont il se soucie mediocrement, rangera l'ar-
chitecte parmi les archeologues bons pour enrichir nos musees et nos
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