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cul-de-lampe, est Jacques Coeur (ou du moins un personnage dont la
tete rappelle ses traits), en elegant. habit de seigneur, la dague au cote.
De la main gauche il indique un petit bassin carre plein d'eau, a ses
pieds, dans lequel se reflete l'image d'une tete barbue, couronnee,
posee dans un arbre au-dessus de la fontaine. Un phylactere sechappe
a droite et a gauche de la tete royale.
A droite, est une femme couchee sur un riche tapis jete sur l'herbe
lleurie; elle est couronnee, et porte la main droite a sa couronne
comme pour loter; de la main gauche, elle releve sa robe de dessus,
doublee de fourrure. Un lPäS-Piche collier entoure son cou. Lextremite
droite du cul-de-lampe est occupee par un troisieme arbre. Le geste
de la femme est passablement equivoque, la demarche de l'homme est
(liscrete; il ne semble s'avancer qu'avec mystere. On serait tente de
voir dans cette sculpture un des episodes de la vie de Jacques Gulur,
lequel avait ete accuse par ses ennemis, aupres du roi, et afin de le
perdre plus sürement, d'avoir achete les faveurs d'Agnes Sorel. Ici le
personnage que M. Haze croit representer Jacques Goeur semble solli-
cite par la femme (rouchee ; en montrant l'image du roi refletee dans
la fontaine, il parait indiquer le temoin de la scene et recommander
la prudence.
Si cette sculpture a ete executee avant la disgrace de Jacques Coeur,
bien qu'elle ffit placee dans une piece secrete, il faut avouer que c'etait
la une singuliere fatuite ou le fait d'une imprudence rare. Si elle ne
fut sculptee qu'apres sa rehabilitation (ce qui semblerait plus probable),
cela ferait supposer qu'il tenait a placer devant ses yeux le souvenir
d'une des causes principales de ses malheurs, comme une perpetuelle
leeon. Le personnage du fou donnerait du poids a cette derniere
hypothese. N'est-il pas la pour montrer que les coureurs d'aventures
galantes, fussent-elles de nature a flatter la vanite,. ressemblent a ce
fou qui passe son temps a attraper des mouches?
Nous devons a un savant archeologue, M. Paul Durand, une note
curieuse qui paraitrait se rapporter au sujet represente sur le cul-de-
lampe en question. Dans un manuscrit de contes et fabliaux provenant
de la bibliotheque de M. Monmeigque, manuscrit du commencement du
XIVC siecle, on trouve une vignette representant d'un cote un jeune noble
assis et de l'autre une jeune femme couronnee; entre eux deux est un
arbre au milieu duquel est une tete de roi se retletant dans un petit
bassin place au-dessous. Voici le texte qui accompagne cette vignette :
fi Gi nous dit coment une royne et uns chevaliers s'estoient assiz sous un
a arbre seur une fontaine pour parler de folles amours : et se pristrent
a a parler de bien et de courtoisie parce 'qu'ils virent en la fontaine
a l'ombre dou roy qui les guaitoit desseus l'arbre. Se nous ne nous
(f guardons de penser mal et d'on faire, pour amour de notre Segneuf
fi qui voit toutes nos pensees, nous guarderions en nous sa paiz, si con
a la royne et li chevaliers guarderent la paiz dou roy. Quar pluseurS 50111?