[ CUL-DE-LAMPE ] 490
assises posees en encorbellement, et Yornementation se combinait en
raison de la hauteur des assises, ou courait sur toutes ; le plus souvent
c'etait un arbre d'on sortaient des branches et des feuilles entreme-
lees de fruits et d'oiseaux. Des que le systeme de la voüte appartenant
veritablement au moyen age fut trouve, ces voütes se composant de
membres independants, darcs-doubleaux, d'arcs ogives et de forme-
rets servant de nerfs aux remplissages, les arcs naissaient dans oeuvre;
ils devaient donc porter, ou sur des piles formant saillie sur le nu des
murs interieurs, ou sur des encorbellements, des culs-de-lampe. Dans
les salles qui, par suite de leur destination, devaient etre entourees de
bancs, de boiseries, de meubles, on evitait, avec raison, de faire porter
les voütes sur des piles dont les saillies eussent ete genantes. Alors les
culs-de-lampe jouaient souvent un role tries-important; car si les dif-
ferents arcs des voütes etaient puissants et nombreux, il fallait que leur
sommier trouvat sur les culs-de-lampe une assiette large et saillante.
Dans l'ancienne salle abbatiale de Vezelay, connue aujourd'hui sous
le nom de chapelle basse, salle qui n'etait autre chose qu'une sacristie
ou un lieu de reunion pour les religieux avant de passer au choeur, les
voütes du xne siecle, plein cintre, mais construites en arcs d'ogive, re-
posent sur des culs-de-lampe formes de trois assises et d'un tailloir
(fig. 5). Cette sculpture, destinee a etre vue de tres-pres, puisque
l'assise inferieure n'est pas a plus de 2 metres au-dessus du sol, est
executee avec beaucoup de finesse, tout en laissant a la pierre la soli-
dite qui lui est necessaire.
Le XIIIe siecle, qui, plus encore que "Fepoque romane, voulut dimi-
nuer l'importance des points d'appui sur le sol et debarrasser l'aire des
interieurs de toute saillie, ne manqua pas d'employer les culs-de-
lampe pour porter les voütes. Les sculpteurs de cette epoque les enri-
chirent de figures, quelquefois assez importantes, de tetes, et surtout
de feuillages; ils allerent jusqu'a en faire des compositions tout en-
tieres, si surtout ils avaient besoin de donner a ces culs-de-lampe une
forte saillie pour porter des arcs larges et epais. Alors meme, dans la
crainte que le sommier de ces arcs ne fit epaufrer sous la charge
les deux ou trois assises dont un cul-de-lampe eut pu etre compose,
ils posaient un premier cul-de-lampe, montaient une construction en
saillie sur ce cul-de-lampe, puis en posaient un second; ainsi repartis-
saient-ils la charge sur une hauteur plus grande et n'avaient-ils pas
a craindre des ruptures.
On voit encore, dans un angle du croisillon nord de la cathedrale
d'Agen, un cul-de-lampe compose d'apres ce principe, et qui, a lui
seul, est un petit monument recevant deux grands formerets et un arc
ogive d'une grande portee (fig. 6). La construction de ce support n'est
pas moins remarquable que sa composition. La premiere assise, le
vrai cul-de-lampe, est en A, profondement engagee dans les deux
parements se retournant d'equerre-. Le lit superieuer de cette assise est