[ CONSTRUCTION ] 40 [ PRINCIPES f]
35 degres avec l'horizon; soit FG une tangente au point H; soit AI
lepaisseur du mur ou de la pile : la tangente FG rencontrera la ligne lK
exterieure de la pile au point L. C'est ce point qui donne l'intrados du
claveau de tete de l'arc-boutant. Cet arc est alors un quart de cercle ou
un peu moins, son centre etant place sur le. prolongement de la ligne Kl
ou un peu en dedans de trotte ligne. La charge MN de Parc-boutaut est
primitivement assez zirbitraire, faible au sommet M, puissante au-
dessus de la culee en N, ce qui donne une inclinaison peu prononcee
a la ligne du chaperon NM. Bientot des effets se manifesteront dans ces
constructions, par suite des poussees des voutes et malgre ces arcs-
boutants. Voici pourquoi. Derriere les reins des arcs et des voütes
en T, on bloquait des massifs de maconnerie batarde, autant pour
charger les piles que pour maintenir les reins des arcs et de leurs rem-
plissages. (les massifs eurent en effet l'avantage dempeclier la brisure
des arcs au point l-l; mais toute la charge des remplissages agissant de.
K en 0, et cette charge ne laissant pas d'etrc considerable, il en resultzi
un leger relevemeut a la clef B, l'arc netant pas charge de O en B, et
par suite une deformation indiquee dans la figure 26 bis. Cette deftir-
mation produisit une brisure au point 0', niveau stiperieur des mas-
sifs, et par consequent une poussec tres-oblique 0'P au-desstis de la
tete des zircs-boutants. Des lors Pequilibre etait rompu. Aussi fut-il
necessaire de refaire tous les arcs-boutants des monuments gothiques
primitifs quelques annees apres leur construction; et alors, ou l'on se
twontenta d'elevci' la tete de ces arcs-boutants, ou on les doubla d'un
second arc (voy. ARC-BOUTANT).
Nous ne dissimulons pas, on le voit, les fausses manoeuvres de ces
constructeurs; mais, comme tous ceux qui entrent dans une voie nou-
velle, ils ne pouvaient arriver au but qu'apres bien des tatonnements.
Il est facile, aujourd'hui que nous avons des monuments batis avec sa-
voir et soin, comme la cathedrale d'Amiens ou celle de lteims, de criti-
quer les tentatives des architectes de la fin du x11" siecle: mais a cette
epoque ou l'on ne possedait guere que des monuments romans petits et
assez mal construits, ou les sciences exactes etaient a peine entrevues,
la tache nouvelle que les architectes s'imposaient etait herissee de dif-
ticultes sans cesse renaissantes, que l'on ne pouvait vaincre que par une
suite d'observations faites avec le plus grand soin. Ge sont ces obser-
vations qui formerent les constructeurs si habiles des X1119 et xiv" sie-
cles. 11 faut dire, a la louangedes architectes du X110 siecle, qu'ayant
adopte un principe de construction neuf, sans precedents, ils en pour-
suivirent les developpements avec une tenacile, une perseveranee
rares, sans jeter un regard en arriere, maigre les obstacles et les diffi-
cultes qui surgissaient a chaque epreuve. Leur tenacite est d'autant
plus louable, qu'ils ne pouvaient prevoir, en adoptant le principe de
construction des voütes gothiques, les consequences qui decoulaient
naturellement de ce systeme. Ils agirent comme le font les hommes
mus par une forte conviction; ils ouvrirent pour leurs successeurs une