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COUPOLE
ces influences, car elles agissenta peu pres toutes, au moins pendant
la periode romane.
Les coupoles, puisque nous sommes sur ce chapitre, nous fournissent
la preuve de la force de ces traditions accumulees meine, en depit de
ceux qui les subissent. Ainsi, nous avons fait voir, dans plusieurs des
articles du Dictionnaire, et particulierement dans l'article CONSTRUCTION,
comment les architectes de Fepoque romane primitive s'etaient eiiorces
de poser des voütes sur le plan de la basilique romaine, comment ils y
etaient arrives apres bien des tentatives infructueuses. Ce probleme re-
solu (et resolu, il faut bien le reconnaitre, par des architectes occiden-
taux), les plans se modifierent peu dans leurs dispositions generales,
mais le mode de voüter les nefs fit des progres rapides jusqu'a Fepoque
gothique. La tradition romaine du plan persista. Survient, au milieu de
ce travail des constructeurs, l'influence de la coupole; les architectes
occidentaux qui veulent se soumettre a cette influence vont necessziire-
ment modifier le plan romain? Point! ils le conservent et juchent les
coupoles sur la croisee de leurs basiliques. A Pise, au Xll" siecle, nous
voyons des constructeurs conserverles dispositions romaines de la basi-
lique, couvrir les nefs d'une charpente en meme temps qu'ils elevent
une coupole sur le transsept. (Tetait cependant poser un monument
voüte sur un monument commence de maniere a ne pas fetre; detait
superposer deux edifices, comme si l'on voulait a la fois conserver la
trace de toutes les influences opposees auxquelles on obeissait. De notre
temps, M. Quatremere de Quincy dit avec raison, dans son Dictionnaire
historique d'architecture" : (c Nous ne pouvons nous empecher de faire
u regarder la sur-imposition des coupoles modernes au centre des nefs
a d'une grande eglise, et vues surtout en dehors, comme une veritable
a superfetation et un pleonasme architectural. Dans le fait, si c'est de
a loin, et vues en dehors d'une ville, que ces masses pyramidales pro-
a duisent dagreables effets, on est contraint d'avouer que, vues de
a pres, elles ne font naitre d'autre idee que celle d'un edifice'monte
fi sur un autre, souvent sans rien qui les reunisse et surtout qui les ne-
if cessite. Ajoutons qu'a Pinterieur on ne sauraity voir qu'une duplicite
a de motifs, de forme, d'ensemble etdeffet. a Ainsi, huit ou neuf siecles
apres que deux traditions opposees ont exerce une influence sur l'ar-
chitecture, voici encore un auteur qui, sans d'ailleurs rendre compte
de ces origines diverses, en signale le desaccord, reconnait deux prin-
cipes en presence, deux principes que neuf siecles d'efforts n'ont pu
parvenir a melanger. Disons cependant que les premiers essais n'ont. pas
ete les moins bons, et que si la coupole du Pantheon de Paris presentc,
avec le reste de Fedifice, a une duplicite de motifs v, ce que nous admet-
tons volontiers, si toutefois des motifs peuvent etre accuses de dupli-
citä, on n'en peut dire autant des coupoles de nos jolis edifices romans
de l'Angoumois et du Perigord, lesquelles sont assises sur des con-
Voyez l'article Gourou: