[ COUPOLE ] 350
celle de Feglise Saint-Ferreol. Et cet exemple, qui probablement
ifetait pas le seul, indiquerait que les architectes des premiers temps
de l'art roman etaient fort preoccupes de Fidee (Pelever des coupoles
sur pendentifs: car, a coup sür, il etait vingt procedes plus simples
pour voiiter la travee principale de cette chapelle, sans qu'il y eut neces-
site de recourir a ce moyen. Il y avait la evidemment Fidee d'imiter
ces constructions byzantines qui alors passaient pour les chefs-däeuvrf-
de l'art de l'architecture l.
Les coupoles de Peglise abbatiale de Saint-Front de Perigueux
peuvent titre considerees toutefois comme les premieres dont la con-
struction ait exerce une influence considerable sur l'architecture occi-
dentale. (les coupoles, au nombre de cinq, egales en (llttlllÜtPC et en
elevalion, a base circulaire, sont etablies sur pendentifs; mais ces pen-
dentifs ne sont pas appareilles comme il convient: les lits des assises
sont horizontaux, au lieu (Petre normaux a leur courbe generzitrice; ce
sont de veritables encorbellements qui ne se soutiennent que par
fadherence des mortiers et par leur forme spheroidale. Il est evident
ainsi que l'architecte de Saint-Front a imite la forme d'une construc-
tion etrangtzre, sans se rendre compte de son principe, et. ce fait seul
tendrait a detruire l'opinion emise par notre savant ami M. de Verneilh.
savoir: que leglisc actuelle de Saint-Front aurait ete elevee par un
artiste venu des bords de l'Adriatique "l. Nous venons de voir, dans
l'exemple precedent, que le constructeur de la petite eglise Saint-
Ferrtiol, voulant faire des pendentifs, n'a trouve d'autre moyen, pour
leur donner une courbure a peu pres convenable, que d'incliner les
rangs de moellons sur les reins des arcs-doubleaux, dest-a-dirc de
superposer des rangs de voussoirs, tant bien que mal, en les zivzinczmt
les uns sur les autres, et de les enchevetrer de la facon la plus grossierc
au point de jonction. En construction, comme en toute chose qui de-
mande a la fois du calcul et de Pexperience, il ne faut jamais supposer
que les moyens les plus simples soient adoptes les premiers; c'est le
contraire qui a lieu. Le principe de construction des pendentifs, une
fois connu, semble tres-naturel; mais il dut paraitre, aux yeux d'ar-
tistes barbares, un veritable tour de force. Il ne fut jamais cfnnpris par
les architectes romans, et si nous possedons en France quelques cou-
poles portees sur pendentifs, avant l'ere gothique, ceux-ci ne sont
qu'une apparence, non un systeme de construction compris et pra-
tique. D'ailleurs, les coupoles portant de fond ou sur pendentifs, qui
f M. llrlerimee a pris la peine de relever ce petit monument, et a bien voulu nous coni-
muniquer les precieux croquis qu'il a faits pendant son sejour ä Saint-Honorat.
2 ll faut (lire que quand M. de Verneilh a publie son livre sur l'architecture byzantin:-
en France, M. Abadic, l'architecte charge de la restauration rlc Saint-Front, n'avait pas
encore commence lffS lFHVIIUX qu'il dirige avec autant de rlevoucment que (l'intelligence,
ct ce fait de la construction singuliisre des pendentifs n'avait pu ätre signale.