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du Centre, dans toute FAquitaine et le Languedoc, pendant le x18 et la
premiere moitie du xne siecle. En Bourgogne, Pepoque romane nous
fournit une grande variete de corniches. Il faut observer, d'ailleurs,
que les corniches prennent d'autant plus d'importance, presentent des
saillies d'autant plus prononcees, qu'elles appartiennent a des contrees
riches en beaux materiaux durs. Dans l'Ile-de-France, en Normandie
et dans le Poitou, on n'employait guere, avant le xnc siecle, que les
calcaires tendres si faciles a extraire dans les bassins de la Seine, de
TOiSe, de Pliure, de l'Ais11e et de la Loire. Ges materiaux ne permet-
laient pas de faire des tablettes minces et saillantes. Les architectes
;s'en defiaient, non sans raison, et ils avaient pris l'habitude (Felever
leurs batisses en petites pierres d'echantillon, dest-a-dire ayant toutes
a peu pres la meme dimension. Des carrieres, on leur apportait des
provisions de pierres tout equarriesl, de huit pouces ou d'un pied de
hauteur sur une epaisseur pareille, et sur une longueur de dix-huit
a vingt-quatre pouces. Ils s'arrangeaient pour que tous les membres
de l'architecture pussent concorder avec ces dimensions. On comprend
qu'alors ils ne pouvaient donner une forte saillie a leurs corniches.
Les monuments romans, si communs sur les bords de l'0ise, ne pre-
sentent ni corniches ni bandeaux saillants, et tout l'effet produit par
ces membres de l'architecture est dü a une etude tres-tine et judicieuse
des rapports entre les parties lisses de la construction et les parties
moulurees. La Bourgogne, au contraire, fournit des pierres dures,
basses, et qu'il est facile d'extraire en grands morceaux; aussi, dans
cette province, les corniches ont une energie de profils, presentent des
varietes de composition qu'on ne trouve point ailleurs en France.
Sur les bas cotes de la nef de Peglise abbatiale de Vezelay (dernieres
annees du x18 siecle), on voit une corniche construite toujours d'apres
le principe roman, dest-a-dire composee de corbeaux portant une ta-
blette saillante; mais son caractere ne rappelle en rien les corniches
des provinces du Centre. Gomme style, elle leur est tres-superieure.
Nous la donnons ici (fig. 3) dans tous ses details, vue en perspective
.et en coupe. Le corbeau est bien franchement accuse, il a tous les
(waracteifes d'un bout de solive de bois; mais ces profils retournent
devant la tablette de maniere a former un encadrement autour des ro-
saces doubles qui sont, entre ces corbeaux, comme des metopes incli-
nees, comme des panneaux de bois embreves au moyen de languettes.
La construction est parfaitement d'accord avec la forme apparente; les
(jolvbeaux sont, des pierres longues penetrant dans la maconnerie; la
tablette est large, et les entre-corbeaux ne sont que des carreaux de
pierre de 0m20 a 0m25 de profondeur. C'est la vraiment Pextremite
d'un comble de charpente reposant sur un mur de maconnerie, et il
' Cette m6th0d0 est ÜÜCÜTC Suivie MUS 10 POÜOU; dans la Saintonge, dans läängoumois
.cl sur les bords de la Loirc-Infürieure, ainsi que dans le däpartement de YAisne.