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TORT
CONTRE-
rements de ces faces a differentes hauteurs. C'est ainsi que sont con-
struits les contre-forts de la sainte Chapelle du Palais a Paris et ceux
des chapelles absidales de la cathedrale d'Amiens (voy. CHAPELLE, fig. 3
et 110). Les contre-forts conservant ainsi a leur sommet une saillie a peu
pres egale a celle de leur plan au niveau du sol, on eut l'idee de les
couronner par la corniche qui servait de cheneau, et de placer aux
angles saillants de cette corniche ou au milieu de leur larmier des
gargouilles qui, dans cette position, rejetaient les eaux pluviales loin
des parements. Au-dessus de la corniche, on eleva des pinacles qui, par
leur poids, augmentaient la stabilite des contre-forts. La construction
devenant, a la fin du X1118 siecle, de plus en plus legere, les architectes,
cherchant sans cesse les moyens de diminuer le cube des materiaux en
conservant la stabilite de leur bätisse par des charges verticales, n'ele-
verent souvent alors leurs contre-forts que jusqu'au point de la poussee
des voütes, et, sur ces piles engagees, ils monterent des pinacles de-
taches de la construction, n'ayant plus d'autre effet que de charger
la portion butante des piles. On trouve un des meilleurs exemples de
cette sorte de construction autour des chapelles absidales de la catlie-
drale de Seez (fin du X111" siecle) [tig. 17]. La poussee des voütes n'agit
pas au-dessus du niveau A. La le contre-fort se termine par un pignon
et cesse de se relier a l'angle de la chapelle ; a cheval sur le pignon,
s'eleve un pinacle detache B, relie seulement a la batisse par la gar-
gouille qui le traverse et par le bloc G qui participe a la balustrade.
Ainsi, ce pinacle charge le contre-fort, sert de support a la gargouille,
maintient l'angle saillant de la balustrade, n'a pas l'apparence lourde
du contre-fort montant d'une venue jusqu'a la corniche, et sert de
transition entre les parties inferieures massives et la legerete des cou-
ronnements, en donnant de la fermete aux angles saillants des cha-
pelles.
Vers le milieu du XIII" siecle, dans les edifices religieux et les salles
voütees, les architectes avaient pris le parti de supprimer entierement
les murs et d'ouvrir, sous les formerets des voütes, des fenetres qui
occupaient l'intervalle laisse entre deux contre-forts (voy. ARCHITECTURE
Ruucmusn, CONSTRUCTION). Cette disposition, donnee par le systeme de
la construction qui tendait de plus en plus a reporter la charge sur ces
contre-forts, donnait une apparence tres-riche a Fexterieur des editices,
en occupant par des fenestrages a meneaux tous les espaces laisses
libres, mais faisait d'autant plus ressortir la nudite des piles exterieures,
auxquelles il fallait donner une grande solidite. Les architectes furent
donc entraines a decorer aussi les contre-forts, afin de ne pas presenter
un contraste choquant entre la legerete des fenestrages et la lourdeur
des piles. (l'est ainsi qu'au commencement du XIIIE siecle deja, nous
voyons les contre-forts de la cathedrale de Ghartres se decorer de
niches et de statues. Cette ornementation, d'abord timide, rentermee
dans la silhouette donnee par la batisse, se developpe promptement;
elle se marie avec les pinacles superieurs, comme autour de la nef de la