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angles saillants de la cage de cet escalier. On a, depuis, voulu obtenirdes
resultats analogues au moyen de trompes; mais les trompes chargent
les maconneries inferieures beaucoup plus que ce systeme d'encor-
bellements, exigent des materiziux plus nombreux et plus grands, des
coupes de pierres difficiles a tracer et plus difficiles encore atailler. (le
n'est donc point la un progres, a moins que l'on ne considere comme
un progres le plaisir donne a un appareilleur de montrer son savoir au
detriment de la bourse de celui qui fait bätir.
Si, pendant les XIVe et xvf siecles, les constructions religieuses ne mo-
difierent que peu les methodes appliquees a l'art de batir par les archi-
tectes du xmesiecle, il n'en est pas de meme dans les constructions ci-
viles. Celles-ci prennent une allure plus franche; les procedes employes
sont plus etendus, les methodes plus varices ; les architectesfont preuve
de cette independance qui leur manque dans les monuments religieux.
(l'est que deja, en effet, la vie se retirait de l'architecture religieuse et
portait toute son energie vers les constructions civiles. Sous les regnes
de Charles V et de Charles VI, le developpement de l'architecture appli-
quee aux edifices publics, aux chäteaux et aux maisons, est tres-ra-
pide. Aucune difticulte n'arrete le constructeur, et il arrive, en etendant
les principes admis par ses devanciers, a executer les constructions
les plus hardies et les mieux entendues sous le double point de vue de la
solidite et de l'art. A cette epoque, quelques seigneurs surent donnerune
impulsion extraordinaire aux constructions; ils les aimaient comme
il faut les aimer, en laissant a l'artiste toute liberte quant aux moyens
dexecution et au caraclere qui convenait a chaque batimentl. Les ducs
de Bourgogne et Louis d'0rleans, frere de Charles VI, firent elever des
residences, moitie forteresses, moitie palais de plaisance, qui indiquent
chez les artistes auxquels furent confies ces travaux une experience, un
savoir rares, en meme temps qu'un goüt parfait; chez les seigneurs qui
commanderent ces ouvrages, une liberalite sage et bien entendue, qui
n'est guere, depuis lors, la qualite propre aux personnages assez riches
1 Rien ne nous semble plus funeste et ridicule que de vouloir, comme cela n'arrive que
trop souvent aujourd'hui, imposer aux architectes autre chose que des programmes; rien
ne donne une plus triste idee de Fetat des arts et de ceux qui les professent, que de voir
les artistes accepter toutes les extravagances imposees par des personnes etrangeres a la
pratique, sous le pretexte qu'elles payent. Les tailleurs ont, a ce compte, plus de valeur
morale que beaucoup d'architectes; car un bon tailleur, si on lui commande un habit ridi-
cule, dira: u Je ne puis vous faire un vetement qui deshonorerait ma maison et qui ferait
rire de vous. n Ce mal date d'assez loin dan, car notre bon Philibert de l'0rme ecrivait
vers 1575: a Je vous advertiray que depuis trente-cinq ans en ca, et plus, j'ay observe
(K en divers lieux que la meilleure partie de ceux qui ont faict ou voulu faire bastimens,
a les ont aussi soubdainement commencez que legcrement en avoient delibere : dont s'en
a est ensuivy le plus souvent repentance et derision, qui toujours accompagnent les mal
a advisez : de sorte que tels pensons bien entendre ce qu'ils vouloient faire, ont veu le
du contraire dece qui se pouvoit et devoit bien faire. Et si par fortune ils demandoient a
a quelques uns PaIÄViS de 1611? dfilibäratiün et entreprinse, c'est0it ä un maistre mRGOIl, OU