L CONSTRUCTION j 2.4.6 L civiLs ]
suivies par ce systeme: car l'un des caracleres les plus frappants de
l'art comme des moeurs du moyen age, c'est detre individuel. Si l'on
veut generaliser, on tombe dans les plus etranges erreurs, en ce sens
que les exceptions l'emportent sur la regle; si l'on veut rendre compte
de quelques-unes de ces exceptions, on ne sait trop quelles choisir, et
l'on retrecit le tableau. On peut, nous l_e croyons, faire ressortir les prin-
cipes, qui sont simples, rigoureux, et chercher parmi les applications
celles qui expriment le mieux et le plus clairement ces principes.
Les quelques exemples que nous avons donnes mettent en lumiere,
nous en avons l'espoir, les consequences du principe admis parles ar-
chitectes laiqucs du moyen age : apparence des moyens employes dans
la structure des editices, et apparence produisant reellement l'architec-
ture, (fGSt-Ät-(ÜPC la forme visible; solution des problemes donnes par
les lois naturelles de la statique, de Pequilibre des forces, et par l'em-
ploi des materiaux en raison de leurs proprietes; acceptation de tous
les PPOgFQIHIIIGS, quelle que soit leur variete, et assujettissement de la
construction a ces programmes, par suite de l'architecture elle-menue,
puisque cette architecture n'est que l'apparence franchement admise
de cette construction. Avec ces principes medites, avec quelques exem-
ples choisis parmi les applications de ces principes, il n'est pas un
architecte qui ne puisseconstruire comme les maitres du moyen äge,
proceder comme eux et varier les formes en raison des besoins nou-
veaux qui naissent perpetuellement au milieu d'une societe comme la
notre, puisque chaque besoin nouveau doit provoquer une nouvelle
application du principe. Si l'on nous accuse de vouloir faire retrogra-
der notre art, il est bon que l'on sache du moins comment nous enten-
dons le ramener en arriere; la conclusion de tout cc que nous venons
de dire etant : a Soyez vrais. a Si la verite est un signe de barbarie,
d'ignorance, nous serons heureux d'etre relegue parmi les barbares et
les ignorants, et fier d'avoir entraine quelques-uns de nos confreres
avec nous.
Les encorbellementsjouent un role important dans les constructions
civiles, nous en avons donne plus haut la raison; il nous reste a suivre
les applications varices de cette methode. Il existe dans la partie de
la Champagne qui touche a la Bourgogne, et vice verset, des maisons,
tres-simples d'ailleurs, construites pendant les xme et XIVe siecles, qui
portent pignon sur rue, et se composent, a Pexterieur, d'une sorte de
porche avec balcon au-dessus, abrite par un comble tres-saillant. Tout
le systeme ne se compose que dencorbellements adroitement com-
binäS- Ainsi (fig. 134), les murs goutterots portent un premier encor-
bellement 611 l'6t0ur d'equerre, destine a soutenir un poitrail recevant
les DOUÜS des SOÜVGS du plancher du premier etage, portant aussi sur
le mur en retraite. Ce poitrail est surmontedun garde-corps. Un se- "
cond encorbellement A donne aux murs goutterots une saillie qui
protege le balcon et reeoit une ferme de pignon disposee de facon ä
porter le plancher du grenier Cl ä permettre l'introduction des provi-