[ CONSTRUCTION 1 192 [ DEVELOPPEMENTS l
au-dessus des chapelles sont construits conformement a ce systeme de
claires-voies et de grands morceaux de pierre poses en guise dkätais
(voy. ARC-BOUTANT, fig. 66).
Llarchitecte de Peglise Saint-Urbain (sa donnee acceptes) a ete
fidele a son principe dans toutes les parties de sa construction. Il a
compris que dans un edifice aussi leger, bati avec du moellon et des
dalles, il fallait laisser a ces claires-voies une grande liberte pour evi-
ter des ruptures ; aussi n'a-t-il engage ces dalles que dans des feuillures
qui permettent a la maconnerie de tasser sans briser les deliczites clo-
tures ajourees qui remplacent les murs. On voit, en examinant la fig. 106.
que les cheneaux sont libres, reduits presque au role de gouttieres.
et qu'en supposant meme une brisure, les infiltrations ne peuvent cau-
ser aucun prejudice a la maconnerie, puisque ces cheneaux sont sus-
pendus sur le vide au dehors, au moyen de ces tympans de gäbles ajou-
res. Il fallait etre hardi pour concevoir une structure de ce genre ; il
fallait etre habile et soigneux pour Yexecuter, tout calculer, tout pre-
voir et ne rien laisser au hasard : aussi cette construction, maigre son
excessive legerete, maigre ltabandon et des reparations inintelligentes,
est-elle encore solide apres six cents ans de duree. L'architecte n'a
demande aux carrieres de Tonnerre que des dalles, ou tout au plus des
bancs de 0'230 d'epaisseur, d'une grande dimension il est vrai, mais
d'un poids assez faible : il evitait ainsi la depense la plus forte a cette
epoque, celle du "transport. Quant ala main-d'oeuvre, elle est conside-
rable; mais ce n'etait pas alors ce qui coütait le plus. ljeglise Saint-
Urbain se presente souvent dans le cours de cet ouvrage, car elle est
certainement la derniere limite a laquelle la construction de pierre
puisse atteindre, et, comme composition architectonique, c'est un chef-
(Poeuvre (voy. ARC-BOUTANT, BALUSTRADE, ÜROIX, FENFJTIIE, GARGOCILLE.
Poncnn, PORTE, TRANssIaPIg VITRAIL).
Il nous faut revenir quelque peu sur nos pas. Dans Plle-de-Frzince.
ainsi que nous l'avons deja fait observer, nous ne saurions signaler les
hardiesses des Bourguignons du commencement du xIIIe siecle et des
Champenois de la fin de ce siecle, lorsque ceux-ci purent employer de
grands materiziux, durs, serres de grain et resistants comme la pierre
de Tonnerre. Les constructeurs de Plle-de-France ne font guere (le ces
claires-voies prises dans une seule pierre, de ces cloisons zijourees ; ils
Inaintiennent la stabilite de leurs editices moins par des surfaces ou
des quilles rigides que par des poids accumules sur les points qui leur
paraissent ne pas presenterune assiette suffisante. Nous trouvons une
preuve remarquable de ce fait, des le milieu du X1118 siecle, dans les
grandes constructions.
Nous avons vu que les architectes gothiques etaient arrives, dans les
cdifices voütes, a considerer les formerets comme des arcs de dechzirge
et a vider completement la construction sous ces formerets, a ne con-
server que des contre-forts. Ils supprimaient les murs comme etant une
accumulation inutile de materiaux entre ces contreforts, puisque ceux-ci