[ DEVELOPPEMENTS 1 183 [ CONSTRUCTION ]
sous le vocable de saint Urbain : ce monument fut commence, rapide-
ment construit; il resta inacheve cependant, le successeur d'Urbain
n'ayant probablement pas juge a propos de continuer l'oeuvre de son
predecesseur. Telle qu'elle est, Feglise Saint-Urbain de Troyes indique
chez le maitre de l'oeuvre qui fut charge de son erection une hardiesse
singuliere et une science de constructeur faite pour etourdir. Sil a date
de la fondation de Peglise Saint-Urbain, et celle de l'interruption des
travaux, n'etait pas un fait historique d'une authenticite incontestable,
on serait tente de supposer que cet edifice fut construit vers le com-
mencement du xive siecle. Nous-meme, devant des preuves aussi peu
discutables,nous avons hesite longtemps avant de croire que le X1110 siecle
avait vu commencer et achever ce qui existe de ce monument : ayant
pour habitude de nous fier tout d'abord aux signes archeologiques,
nous ne pouvions donner a la construction de Saint-Urbain une date
anterieure au XIV siecle; mais une etude approfondie de la construc-
tion nous a fait voir que la tradition historique etait d'accord avec le
fait. On ne construisait plus ainsi au XIVe siecle. Seulement, l'archi-
tecte de Saint-Urbain etait un de ces artistes chez lesquels les principes
les plus avances de-la theorie s'allient a une experience profonde, a une
pratique qui n'est jamais en defaut, a une connaissance sure de la qua-
lite des inateriaux, a des ressources infinies dans Pexecutifin et une
originalite naturelle; detait, pour tout dire en un mot, un homme de
genie. Son nom nous est inconnu comme ceux de la plupart de ces ar-
tistes laborieux. Si le pape Urbain IV eüt envoye d'ltalie un architecte
pour batir son eglise a Troyes, certes nous le connaitrions ; mais nous
n'aurions pas a nous elendre longuement sur son oeuvre, car l'ltalie
meridionale, alors, n'elevait que des edifices qui ne fournissent guere
de types propres a etre eludies.
Le plan de Peglise Saint-Urbain de Troyes est champenois. Le
choeur rappelle celui de la petite eglise de Rieux que nous venons de
donner. Sur les quatre piliers de la croisee devait s'elevei' une tour pro-
bablement, fort elevee, si l'on examine la section large de ces piliers.
Deux ziulres clochers tlanquaient Fentree, accompagnee d'un porche
saillant comme celui de Peglise Saint-Nicaise de Reims. La tour centrale
ne futpoint commencee, la nef et la facade resterent inacheveesün peut
toutefois, par ce qui reste de ces parties, se rendre un compte exact de
ce que devait elre cette eglise. Le choeur et les transsepts sont complets.
Jetons les yeux d'abord sur le plan de Feglise Saint-Urbain (fig. 102),
pris au niveau du rez-de-chaussee; cet ensemble est necessaire pour
apprecier les diverses parties de sa construction. Ce plan presente des
points d'appui solides, epais, resistants, une disposition generale tres-
simple. Plantes entre deux rues, deux porches profonds, bien abrites,
donnent entree dans les deux branches de la croix. Au-dessus du rez-
dc-chaussee, a la hauteur de 3m30, toute la construction ne presente
plus qu'une lanterne vitree, d'une extreme legeifete, maintenue par