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d'une qualite superieure, nous fournit la preuve la plus evidente de
ce fait.
DEVELOPPEMENTS (xme SIECLE). ADijon, il existe une eglise de medio-
cre dimension, sous le vocable de Notre-Dame ; elle fut batie vers 1225:
c'est un chef-d'oeuvre de raison, ou la science du constructeur se cache
sous une simplicite apparente. Nous commencerons par donner une
idee de la structure de cet edifice. Le chevet, sans collaterzil, s'ouvre
sur la croisee ; il est flanque de deux chapelles ou absides orientees
comme le sanctuaire, et donnant sur les transsepts dans le prolonge-
ment des bas cotes de la nef.
L'abside de Notre-Dame de Dijon ne se compose, a Finterieur, que
d'un soubassement epais, peu eleve, portant des piles isolees reliees en
tout sens, et n'ayant pour cloture exterieure qu'une sorte de cloison
de pierre percee de fenetres. Naturellement, les piles sont destinees
äporterles voütes ; quant aux cloisons, elles ne portent rien, elles ne
sont qu'une fermeture. A Pexterieur, la construction ne consiste qu'en
des contre-forts. La figure '75 donne une vue perspective de cette abside;
etant depourvue de bas cotes, les contre-forts contre-butent directe-
ment la voüte sans arcs-boutants 1. Ces contre-forts sont epais et soli-
des ; en eux seuls reside la stabilite de Peditice. Rien n'est plus simple
d'aspect et de fait que cette construction. Des murs minces perces de
fenetres ferment tout l'espace laisse entre les contre-forts. Un pas-
sage exterieur en A est laisse pour faciliter les reparations des grandes
verrieres. Tous les parements sont bien garantis contre la pluie par
des pentes sans ressauts et des corniches ou bandeaux. Ce n'est evi-
demment la qu'une enveloppe solide, un abri. Entrons maintenant
1 On voudra bien nous permettre a ce sujet une observation. En appreeiant le plus
ou moins de merite des erlilices religieux gothiques, quelques critiques (qui ne sont pas
architectes, il est vrai) ont pretendu que, des eglises du moyen äge en France, la plus
parfaite, celle qui indique de la part de l'architecte une plus grande somme de talent, est
la sainte Chapelle de Paris, car cette eglise conserve une parfaite stabilite sans le secours
des arcs-boutants; et, partant de liuÄlcs memes critiques, heureux sans doute d'avoir fait
cette decouverte, ont ajoute: u Uarc-boutant, etai permanent de pierre, accusant l'impuis-
u sance des constructeurs, n'est donc qu'une superfetation barbare, un jeu inutile, puisque,
a meme pendant le moyen äge, des artistes habiles ont su s'en passer. l) L'argument est
fort; mais la sainte Chapelle n'a pas de bas cotes; partant l'architecte n'etait pas oblige
de franchir cet espace et de reporter les poussees des grandes voütes a Yexterieur en
dehors de ces bas cotes. C'est ainsi pourtant qu'on parle presque toujours d'un art qu'on
ne connait pas; et la foule d'applaudir, car les praticiens ne croient pas qu'il soit neces-
saire de refuter de pareils arguments. Ils ont tort: une erreur repetee cent fois, fut-elle
des plus grossieres, mais repetee avec assurance, finit chez nous par etre admise parmi
les verites les moins contestables; et nous voyons encore imprimer aujourd'hui, de la
meilleure foi du monde, sur les arts et en particulier sur l'architecture gothique, des argu-
ments refutes depuis longtemps par la critique des faits, par l'histoire, par les monuments
et par des demonstrations appuyees sur la geometrie. Tout ce travail de la verite qui veut
se faire jour passe inapercu aux yeux de certains critiques, qui pretendent probablement
ne rien oublier ct ne rien apprendre.