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des moellons d'un echantillon beaucoup plus fort que partout ailleurs.
Igltant, par la position verticale de la cerce, oblige de faire passer Farete
d'intrados du lit de chaque ifang de moellons dans un plan vertical, le
maeon HPPlVC, sans le savoir, a repartir sur chacun de ces rangs le sur-
plus de developpement impose par la concavite de la voüte. Tout cela
est beaucoup plus simple a executer qu'a expliquer, et nous n'avons
jamais eprouve de difticulle a faire adopter cette methode dans la pra-
tique. Un macon adroit, aide d'un gareon qui lui apporte son moellon
debite et son mortier, ferme un triangle de voüte sans le secours
d'aucun engin, sans cintres et sans autres outils que sa hachette et sa
cerce. Une fois que l'ouvrier a compris la structure de ces voütes (ce
qui n'est pas long), il pose les rangs de claveaux avec une grande faci-
lite, n'ayant qu'a les retoucher legerement avec sa hachette pour leur
oter leur parallelisme. Presque toujours, lorsqu'il a acquis de la pra-
tique, il abandonne les cerces a rainures, et se contente de deux courbes
qu'il maintient avec deux broches, les allongeant a chaque rang, car les
lits de ces moellons etant tres-peu inclines, si ce n'est pres de la clef,
il suffit d'un faible soutien pour les empecher de glisser sur le mortier.
Chaque rangee posee formant un arc, la cerce est enlevee sans qu'il en
resulte le moindre mouvement. Il faut dire que ces moellons sont gene-
ralement peu epais, et que beaucoup de remplissages de grandes voütes
gothiques, surtout a la fin du xne siecle, n'ont pas plus de 0'210 a 0'212
depaisseur 1. Cette methode de construire les voütes n'est pas la seule;
elle appartient uniquement a Plle-de-France, au Beauvaisis et a la
Champagne, pendant la seconde moitie du xue siecle; tandis que, dans
les autres provinces, des moyens moins raisonnes sont adoptes. En
Bourgogne, gracc a certaines qualites particulicres de calcaires se deli-
tant en feuilles minces, rugueuses, adherentes au mortier, on con-
struisit longtemps les voütes en maeonneric enduite, bloquee sur cou-
chis de bois. Les voütes du chwur de Feglise abbatiale de Vezelay, bati
vers la fin du xue siecle, presentent un singulier melange des methodes
adoptees par les constructeurs de Flle-de-France et des traditions bour-
guignonnes. On voit combien les appareilleurs bourguignons, si habiles
traceurs, etaient embarrasses POIIPÄOHHBP aux claveaux de remplissage
des formes convenables : ne pouvant en faire Pepure rigoureuse, ils
tatonnaient, bandaient les reins en materiaux tailles tant bien que mal;
puis, ne sachant comment fermer ces remplissages, ils les terminaient
par du moellon brut enduit. Ce n'etait pas la une methode, c'etait un
expedient.
Au milieu des provinces comprises dans l'ancienne Aquitaine, l'l1a-
bilude que les constructeurs des xe et x19 siecles avaient contractee de
fermer leurs ädifices par des coupoles s'etait si bien enraeinee, qu'ils
1 Les remplissages des
plus de 0'215 dääpaisseur.
grandes voütes du choeur de la
catluädralc
Paris
n'ont pas