ATEAU
fois politique et feodal. Le chateau normand, au commencement de la
periode feodale, se distingue du chateau francais ou franc; il se relie
toujours a un svsteme de defense territoriale, tandis que le cliateau fran-
eais conserve longtemps son origine germanique : c'est la demeure du
chef de bande, isolee, defentlztnt son propre domaine contre tous et ne
tenant nul compte de la (lefensc generzile du territoire. Pour nous faire
comprendre en peu de mots, le seigneur franc n'a pas de patrie, il n'a
qu'un domaine; tandis que le seigneur normand cherche a la fois a
defendre son domaine et le territoire conquis par sa nation. Cette dis-
tinction doit etre faite tout (l'abord, car elle a une influence, non-seu-
lement sur la position des demeures feodales, mais sur le systeme de
defense adopte dans chacune d'elles. Il y a, dans la construction des
chäteaux normands, une certaine parite que l'on ne rencontre pas dans
les chateaux francais: ceux-ci presentent une extreme variete; on voit
que le" caprice du seigneur, ses idees particulieres ont influe sur leur
construction, tandis que les chateaux normands paraissent soumis a
un principe de defense reconnu bon et adopte par tous les possesseurs
de domaine, suivant une idee nationale. Lorsque l'on tient compte des
circonstances qui accompagnerent Fetablissement definilif des Nor-
mands au nord-ouest de Paris, de Finteret immense que ces pirates
tolcres sur le sol de la Normandie avaient a maintenir le cours des
fleuves et rivieres ouvert pour eux et les renforts qui leur arrivaient
du Nord, ferme pour le peuple franc, possesseur de la haute Seine et
de la plupart de ses affluents, on congroit comment les Normands furent.
cntraines a adopter un systeme de defense soumis aune idee politique.
D'ailleurs les Normands, lorsqu'ils se presentaient sur un pointdu ter-
ritoire franeais, procedaient forcement partout de la meme maniere;
detaiten occupant le littoral, en remontant les fleuves et rivieres sur
leurs longs bateaux, qu'ils pänätraient jusqu'au coeur du pays.Les fleu-
ves etaient le chemin naturel de toute invasion normande; e'c'tait sur
leurs rives qu'ils devaient chercher a se maintenir et a se fortifier. Les
iles, les presqu'iles, les escarpements commandant au loin le cours
des rivieres, devaient etre choisis tout d'abord comme points mili-
taires : la similitude des lieux devait amener l'uniformite des moyens
de defense.
Les Francs, en s'emparant de la Gaule, s'e'tendirent sur un territoire
tres-vaste et tres-varie sous le rapport geographique : les uns resteront
dans les plaines, d'autres surles montagnes; ceux-ci au milieu de con-
trees coupees de ruisseaux, ceux-la pres des grandes rivieres; chacun
dut se fortifier en raison des lieux et de son intelligence personnelle.
Ils cesserent (hormis ceux voisins du Rhin) toute communication avec
la mere patrie, et, comme nous l'avons dit ci-dessus, se trouveront
bientot isoles, etrangers les uns aux autres; les liens politiques qui
pouvaient encore les reunir se relachaient chaque jour, et les idees
de nationalite, de solidarite entre les grands proprietaires d'un Etat ne