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COLONNE
colonnes que tries-rarement. A Texterieur du choeur de Peglise abba-
tiale de Saint-Remi de Remis (X110 siecle), on trouve cependant un
exemple de colonnes cannelees sous la tete des arcs-boutants. Mais
a Reims il existait et il existe encore des monuments antiques qui ont
ete evidemment l'origine de ce genre de decoration. Des le x10 siecle,
on taillait deja les colonnes au tour, suivant la methode antique. Les
colonnes monolithes du choeur de Feglise Saint-Etienne de Nevers
sont taillees au tour. En Auvergne, oü l'art de bätir avait, a cette epoque,
atteint un degre de perfection remarquable, on trouve, dans les choeurs
des eglises, des colonnes monolithes tournees. Dans le Berry et le Poi-
tou, pendant le xne siecle, les colonnes tournees sonttres-frequentes,
et les ouvriers avaient le soin de laisser sur les füts la trace du tour
indiquee par des filets tres-peu saillants ou des stries horizontales
tres-tines. Les architectes qui elevierent des colonnes pendant la periode
romane ne s'inquietaient pas detablir une proportion conventionnelle
entre la hauteur du füt et son diametre; la nature des materiaux em-
ployes, la charge qu'il fallait supporter, le lieu, l'ordonnance generzile
du monument, etaient les seules lois qui imposaient ces proportions.
Au x11" siecle, lorsque l'art de l'architecture se developpa et devint.
l'objet d'une etude approfondie et raisonnee, les architectes donnerent
generalement aux futs de leurs colonnes monolithes des proportions
qui varient peu; cependant il est visible que deja la resistance des
materiaux influait sur ces proportions : si ces materiaux etaient tres-
forts, les colonnes etaient d'un diametre moindre, eu egard a leur
hauteur, que si ces materiaux etaient fragiles. Lorsqu'au commence-
ment du xme siecle, on employa encore les colonnes cylindriques non
cantonnees, on chercha a reduire leur diametre autant que la qualite
des materiaux le permettait, afin de laisser, suivant le principe adopte
par les architectes de cette epoque, les plus grands vides possibles
entre les points d'appui. C'est alors qu'on porta des voütes sur des
colonnes dont la maigreur egale presque celle qu'on donnerait a des
supports de bois ou de metal en pareil cas. Le refectoire du prieure
de Saint-Martin des Champs a Paris nous a conserve un des meilleurs
exemples de ces colonnes de pierre d'une hauteur considerable et d'un
diametre extremement faible. Mais telle est l'heureuse disposition-de
ces colonnes, portces sur un stylohate a base octogone et separees
vers le milieu de leur hauteur par une bague mouluree, que l'oeil n'est
pas choque par leur excessive maigreur, et qu'elles semblent d'une
force suffisante, comme elles le sont en effet, pour porter les deux
rangs de voütes qui viennent reposer sur leurs chapiteaux evases.
(V0y.BAaU1a, GHAPITEAU, GONSTHUCTION).
Üllle-de-France semble avoir conserve les colonnes dans les nefs de
ses eälises plus tard que les autres provinces. Notre-Dame de Paris,-
la PHPÜG ancienne de Feglise Saint-Severin a Paris, les eglises de Cham-
peaux, de la Ghapelle-sous-Grecy, de Bagneux, etc., portent leurs nefs,
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