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CLOCHER
ia hauteur de la corniche de Feglise; de la, au sommet de la tour,
on montait par des echelles. Le clocher des Jacobins de Toulouse n'a
jamais dü etre couronne par une tleche ; cependant nous trouvons des
clochers analogues a Toulouse, a Gaussade, a Montauban, qui sont ter-
mines par des pyramides aiguüs, a huit pans, de brique; mais cette
flerniere disposition est d'une epoque plus recente.
Les clochers de la Haute-Garenne sont, en France, une exception qui
appartient. uniquementa cette contree; exceptionjustitiee par la rarete
de la pierre a bätir, et tous ont entre eux une telle zinalogie, que
l'exemple donne ici, le plus beau et le plus complet, nous dispensera
de nous etendre plus longuement sur ce mode de construction.
ll nous faut encore revenir en arriere atin de trouver l'origine d'une
certaine disposition de clochers (disposition dont il ne reste que peu
d'exemples) anterieurs au XlVe siecle, mais qui cependant doit etretort
ancienne. Nous voulons parler des clochers termines par deux pignons
et un comble a deux egouts. C'est dans Plle-de-France, sur les bords
de l'Oise et de la Marne, que nous rencontrons un certain nombre de
ces clochers appartenant toujours a de petites eglises. (Tetait la, en
effet, un moyen economique de couronner les clochers, et nous avons
deja fait voir qwanterieurement au xut siecle, ces provinces, moins
riches que les provinces de l'0uest et du Centre, n'avaient donne a
leurs tours d'eglises que des dimensions relativement restreintes. Sur
les bords de la Seine, de la basse Marne, del'0ise et de PAisne, il existe
un nombre prodigieux d'eglises paroissiales, des xit et xne sieeles,
ayant conserve leurs clochers: modestes constructions ne se compo-
sant. guere que d'un soubassement plein et d'un etage de beffroi. Mais
presque tous ces clochers ont perdu leurs couronnements primitifs,
qui ont ete remplaces par des tleches de pierre ou de bois pendantles
xnit, XIYE et xvt siecles. Bon nombre de ces clochers devaient etre ter-
mines primitivement. par des pyramides de pierre peu elevees; mais
un plus grand nombre encore etaient couverts par des pignons et un
toit, ce moyen de construction etant le moins dispendieux de tous ceux
que l'on peut adopter. A defaut de monuments de quelque importance
existant. aujourd'hui et dans lesquels nous pourrions etudier ce genre
de couronnement, il nous faut avoir recours aux representations de
ces monuments sur les bas-reliefs. Or il existe, a la porte Sainte-Aune
de la cathedrale de Paris, un grand tympan du xne siecle, represen-
tant la Vierge assise sous un dais magnifique. Ce dais se compose d'une
sorte de coupole tlanquee de deux clochers qui nous donnent, execute
avec un soin minutieux, l'un de ces couronnements que nous cher-
cherions vainement sur les monuments memes. Et il ne s'agit pas ici
de ces pignons d'une simplicite telle qu'on ne saurait leur assigner une
date, mais bien d'une composition riche, et qui d'ailleurs doit eclaircir
a nos yeux plusieurs points importants touchant la terminaison de cerf
tains clochers de Plle-de-France pendant la periode romane.
Voici (fig. 79) une copie de ce petit modele de clocher. Nos monu-