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France ou des provinces voisines, pour examiner comment, vers la
Ineme epoque, cest-Ei-dire du xnc au Xllte siecle, les contrees eloignees
de ce centre (l'architecture se transformerent, et passerent des formes
romanes aux formes gothiques. Dans ces contrees, la transition fut
plus longue, plus indecise, et la revolution ne fut (romplete que quand
les ecoles purement, franeaises reagirent sur les provinces les plus
eloignees de ce foyer de la belle et bonim architecture gothique.
Nos lecteurs ont. vu que les clochers centraux de la Saone, (le Saone-
et-Loire, lesquels appartiennent au style bourguignon, etaient un
compose (les traditions carlovingiennes du Ithin et. des influences
locales produites par la presence de monuments romains : c'est pour-
quoi nous zivons, sur notre carte (fig. 61), place le foyer de cette ecole
ä Autun. Mais a Autun meme, il n'existe pas de clocher anterieur au
xve siecle qui ait quelque valeur; il nous faut aller trouver les types
bourguignons du commencement du xne siecle a Beaune, a Saulieu. A
Beaune, un clocher central presente un etage primitif qui possede tous
les caracteres du type bourguignon roman. Ueglise de Saulieu con-
serve ses deux clochers de facade a peu pres entiers, dans le meme
caractere. Nous trouvons le type bourguignon tres-developpe, quoique
Un peu melange, a la Gharite-sur-Loire. Ucglise abbatiale de la Gharite-
sur-Loire, flependant de l'ordre de Gluny, bätie dans la premiere
moitie du xn" siecle, etait precedee, comme toutes les eglises (le cet
ordre, d'un vaste narthex, sur les eollateraux duquel selevaient deux
gros clochers ; l'une de ces deux tours existe encore en entier, sauf le
Couronnement, qui est. de charpente et d'une epoque plus recente.
Voici (tig. 66) une vue perspective de ce clocher, prise de linterieuit
du narthex, (letruit aujourd'hui, et dont on voit la naissance des voütes
en A. Ici, comme dans l'architecture de cette epoque et de la province
(le Bourgogne, les pilastres canneles remplacent presque partout. les
colonnes portant les archivoltes. Les bandeaux sont ou ä modillons, ou
(lecores de ces petites arcatures si frequentes dans l'architecture car-
lovingienne du lthin. Uarcztture aveugle de letage inferieur en B et la
(ronstructiou montee en pierres de grand appareil, sorte de placage
surun massif, sont surtout franchement bourguignonnes. Mais ce qu'il
ne faut pas omettre, c'est ce bandeau D, plaque de rosaces et de bas-
reliefs dorneinents qui semblent etre (les fragments antiques incrustes
dans la batisse. Nous en donnons un detail (fig. 67). Du reste, l'aspect
(le cette tour est majestueux; ce qu'on pourrait lui reprocher, c'est.
une certaine lourdeur et cette (livision (lu betTroi en deux etages egaux
comme hauteur et semblables comme (lecoration. Mais il ne faut pas
oublier qu'a cette epoque on ne posait pas des abat-son aux baies des
beffrois, et que les zirchitectes cherchaient a garantir les charpentes
interieures portant les cloches, en divisant les vides autant. que faire
se pouvait, tout en suppleant par leur nombre a lkätroitesse de leur
Ouverture. Cependant, sur les bords du Rhin, des le x11" siecle, 0m51
que nous l'avons vu plus haut, les architectes cherchaient. a rendre
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