Volltext: [Charnier-Console] (T. 3)

[ CLOCHER ]  370  
l'harmonie des proportions qui etaient le partage des constructeurs 
du domaine POyLIl, des vallees de la Seine, de l'0ise et de l'Aisne. Le 
nom de l'architecte qui sut fondre dans un seul eflitice ces divers ele- 
ments ne nous est. pas connu ; mais son (euvre iinperisstiltte, dont le 
principal merite est l'unite, nous prouve que cette qualite depend bien 
plus du genie de l'artiste que des elemeilts places sous sa main; que 
l'emploi (Pelements (lifferents entre eux n'exclutpas lbriginalite, quand 
ces materiztux sont recueillis par un esprit. juste, une tete bien orga- 
nisee et une Inain habile. Il est (tautres clochers en France qui ne le 
cedent. guere au clocher vieux de Ghartres (zomme importance; mais 
aucun ne reunit. a un degre aussi eteve des proportions heureuses 
alinterpretation exacte d'un programme, la sobrietti a la richesse, 
l'application de traditions etrangeres les unes aux autres a un seul 
editice, sans efforts apparents. A voir ce clocher, rien ne parait plus 
simple, plus facilement concu et. executei ; et cependant, si l'on analyse 
sa structure avec quelque soin, on apercoit dltabiles soudures entre 
des (ätements (livers, partout. le raisonnement soumis a un goüt sur. 
Il serait fort interessant, pour l'histoire de la transition de l'architec- 
ture romane a l'architecture franqaise du xuitsiecle, de savoir d'on 
venait, le lnaitre des ceuvres auquel la construction du vieux clocher 
de Chartres fut. contioc, a (luelle province il appartenait. ljltait-il ne dans 
l'une de ces villes des bords de l'0ise et de l'Aisne, ou les traditions 
gallo-romaines se conserveront; si longtemps"? ou bien etait-il venu des 
bords de la Seine et. de FEure, entre Paris et. Rouen? Nous pencherions 
vers cette derniere origine, car on retrouve, dans les (ltätails du clocher 
de Ghartres, dans les profils des arcs, dans la sculpture, la finesse et 
la gratte qui appartiennent. a cette portion du territoire franc-ais. Dans 
les bassins de l'0ise et  la tin du X110 siecle les profils 
sont. plus simples, se (lepouiltent. moins des traditions gallo-romaines, 
la sculpture est barbare et peche par le mepris de la forme. Ijintluence 
morovingienne persiste tres-tard dans ces dernieres contrees, tandis 
que, dans la partie de Flle-de-France comprise entre Paris, Mantes et. 
Dreux, il s'etait forme (les le x10 siecle, une ecole particuliere, dont 
le goüt s'epure de plus en plus jusque vers le milieu du X118 siecle, qui 
evite les exagerations et marche d'un pas assure vers un art plein d'oie- 
gance et de tinesse, deliezit et. contenu. Un architecte sorti de cette 
ecole, au milieu du XIIE siecle, trouvant dans l'0rleanais les (lernieres 
traces des arts des provinces du Sud-Ouest et. quelques (atements de 
ceux de la Normandie, apportait juste ce qu'il fallait. pour batir le clo- 
cher vieux de Ghartres, en melant ses qualites propres aux intluences 
romanes qui avaient penetre cette province. It est en effet curieux 
d'observer comme a cette epoque, et plus lard encore, au commen- 
cement du X1116 siecle, les architectes de l'Ile-de-France, bien qu'ils 
fussent en avance sur les ecoles voisines, se pliaient aux traditions 
locales lorsqu'ils etaient appeles en dehors de leur centre. Ce ne fut 
guere qu'a la tin du X111" siecle, alors que l'architecture eut admis de
	        
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