s 369 L CLUCHELL j
passe par Limoges, et vient aboutir a Chartres. Ne voyons-nous pas
la la grande route centrale de Limoges 2112111115, a peu de (leviation pres ?
Et cette autre qui, du nieme centre, passe par Angouleme et le Poitou
pour se jeter sur la Loire et le ltlaine, n'est-elle pas aussi une grande
voie commerciale suivie de nos jours"? Notre carte ne tient-elle pas
compte de cette barriere naturelle que la Loire a si longtemps etablie
entre le nord et le sud de la France"? Et cette ligne de la Bourgogne
qui, de la Marne, de Chatons, descendantjusqu'aux limites du Lyon-
nais au sud, reunit Aix-la-Ghapelle, le lthin et la Moselle au Bhone par
la Marne et la Saone, n'est-elle pas encore une voie suivie et tracee de
notre temps? On ne saurait pretentlre que notre carte est tracee daprcs
certaines idees precone-ues ; encore une fois les monuments sont la;
et (l'ailleurs ces idees ne nous ont su; suggerees que par la vue des lignes
reunissant, les jalons epars que nous avons pu marquer. Dans les loca-
lites ou deux ou trois branches partant de deux ou trois centres
opposes viennent aboutir, nous pouvons constater l'influence et le
melange des arts sortis de ces centres. Ce fait est sensible a Char-
tres, a Ghalons-sur-Maitne, a Nevers, a Toulouse, a Valence, au Puy,
a Auxerre, a Rouen. Nos figures l'ont demontre ou vont le deniontrer.
Le croisement des deux branches issues de Perigueux est sensible
a Loches. Toutes ces branches indiquent des routes tracees et suivies
par le commerce au xnc siecle; et sans avoir la prctention de donner
a ce tritvziil une importance exagertäe, nous pouvons croire qu'il pourra
contribuer a (ltätruire cette idee de confusion, d'intervention du hasard,
dans la marche et le dcveloppement des arts sur ce coin de l'Europe ;
[Wtlt-ÜLPR jettera-t-il quelques clartes sur l'histoire si eompliquee de
ces temps recules. Pour nous, ces centres, avec leurs branches qui
tendent a se reunir sur certains points, indiquent les premiers pas des
populations vers Punite nationale au milieu du reseau feodal ; ces faits
peuvent aider a retrouver les causes de la richesse de certaines cites
dont. nous avons peine a comprendre aujourd'hui l'importance. Quand
le pouvoir monarchique setablit, au x111e siccle, sur des bases de plus en
plus fermes, il trouva ouvert-es ces communications entre des provinces
diverses d'origine, de moeurs et. de latngzige, et y fit rapidement penc-
trer, avec de nouvelles institutions politiques, les arts du domaine
royal. On s'explique ainsi comment l'architecture romane fut tout a
coup, a cette epoque, frappce d'impuissance ; comment ces provinces
de tüuest, de lEst et du Midi reeurent l'influence du domaine royal
par les memes voies qui leur avaient servi pendant deux siecles ä
repandre au dehors les traditions de leurs arts propres.
Le clocher vieux de la eathedrale de Ghartres resume les efforts, les
goüts et les traditions des deux principales ecoles du sol des Gaules,
dont nous venons de tracer l'histoire et les influences plus ou moins
etendues. Il possede a la fois la grandeur des conceptions des artistes
de l'0ucst et la puissance de leurs constructions, la hardiesse aventu-
reuse des architectes normands, la sobriete, la finesse et l'instinct de
111. 47