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de Saint-Germain des Pres et de Poissy Cette base, non compris la
saillie des contre-forts, n'a que 6 metres hors LBUVPG en carre. Suivant
l'usage alors adopte, elle seleve pleine, sauf les arcades du porche,
jusque la hauteur de la corniche de la nef. A partir de ce niveau A,
est un premier etage perce d'une double arcature sur chaque face,
puis un deuxieme etage, egalement ajour, qui sert de beffroi.
Voici (fig. 4-5) une elevation geometrale de ce clocher, qui dut etre
cciuifonne primitivement par une pyramide de pierre ä quatre pans;
car il ne parait pas que l'on ait couvert les clochers avant le xnie siecle,
si ce n'est peut-etre en Normandie et dans lesFlandres, par des combles
de charpente 2. On sent deja, dans cette construction si simple, l'in-
tervention d'un artiste de goüt. Les contre-forts qui renforcent les
angles de la partie inferieure skirretent a la hauteur convenable pour
laisser le beffroi se detacher sur un socle carre. Ijetage du beffroi lui-
meme est rendu plus elegant par des colonnettes d'angle engagees qui
rompent la secheresse des vives aretes. Le petit ordre qui supporte les
archivoltes des baies superieures est d'une proportion heureuse, et le
plan des piles est leger et solide (fig. 46). La corniche du couronne-
ment, composee d'une tablette portee par des corbeaux sculptes, est.
tine et riche a peu de frais. Quoique tres-simple de la base au sommet.
cette construction menage cependant ses effets avec adresse, reservzint
la sculpture pour les parties superieures, nabandonnant rien au ca-
price; elle n'emploie que des materiaux de petite dimension et. laisse
aux cloches les plus grands vides possibles. Ce qui fait supposer que
le clocher-porche de Feglise de Morienval etait primitivement. termine
par une pyramide de pierre a base carree, c'est que, dans la meme
eglise, les deux autres clochers qui tlanquent le choeur, conformement
aux habitudes de cette epoque 3, sont couverts par des pavillons de
niaconnerie, ainsi que l'indique la figure 47.
Mais vers le commencement du XII" siecle, on cessa, dans les nou-
veaux plans des eglises bäties a cette epoque, d'elever des clochers sur
les porches : detait la un reste des traditions des temps desastreux de
l'invasion normande; les raisons qui avaient fait elever ces clochers ne
' Des restaurations reccntcs ont fait perdre a la base du clocher de Saint-Germain des
Pres de Paris tout son caractere; mais il n'y a pas longtemps qu'elle existait encore a peu
pres entierc, sauf un portail cxtericnr du xvme sieclc.
f De 859 51 861, Yegliso abbatiale de Saint-Bertin de Saint-Omer, apres avoir eus incen-
diee par les Normands, fut rebätie, et le clocher de cette nouvelle eglisc etait termine par
une charpente contenant trois etages de cloches, sans compter la tleche; le tout etait
couvert de plomb. (Voy. Les abbäs de Saint-Bertin, (Fapräs lcs anciens monum. de ce
monasL, par H de Laplane. Saint-Omer, '1854, l" part, p. 66.)
K Les clochers poses ä droite et il gauche du sanctuaire etaient, particulierement
dans les eglises abbatiales, destines ä la sonnerie des offices. Du choeur les clercs
ctaient ainsi ä portee des clochers sans sortir de l'enceinte cloitrec. Les clochers des
fagades ctaient rescrves aux sonneries des fetes et a celles qui appelaient lcs llrlcles du
flchors.