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foyer de calciner la pierre et de (letruire les languettes. Par un sur-
croit de precaution, souvent, au-dessus de la plaque, la languette est
appareillee en plate-bande ou en arc de decharge, ainsi qu'on le voit
en D. Les manteaux sont egalement. decharges par des arcs E. En F,
nous donnons la tete de ces tuyaux de eheminee, surmontant l'extra-
mite du pignon du batiment; en G, leur plan superieur, et en H, leur
profil. On voit en I le filet saillant reserve dans les assises de la souche,
et destine a recouvrir les rampants du comble au-dessus de l'ardoise.
Ce filet, tenant lieu de solins, se continue sous les marches qui, le long
des rampants du pignon, permettent d'arriver facilement aux tuyaux
pour les repareil, et de placer des defenseurs proteges par le crene-
lage K donnant sur les dehors. Mais, dans les localites exposees aux
grands vents, les tuyaux de cheminee, termines brusquement par des
ouvertures sans mitres, ne laissent pas eclizipper facilement la fumee;
celle-ci, rabattue par le vent, etait comprimee et rentrait a l'interieui'
des appartements. Pour eviter cet ineonvenient, on garnit souvent les
bouches superieures des tuyaux de couronnes de tole decoupee, qui,
divisant le courant d'air exterieur, permettaient a la fumee de sortir
librement. Nous avons vu, sur beaucoup de tetes de cheminee des
xnt et xvt siecles, des traces de seellements qui indiquent la presence
de ces couronnes; mais il en existe fort peu qui aient resiste aux
intemperies et a l'action corrosive de la suie.
L'ancien tuyau de la cheminee de la grand salle du chäteau de Sully-
sur-Loire, ayant ete mis hors d'usage depuis le XVIe siecle, par suite d'un
changement de distribution interieure, a conserve sa couronne de fer
battu, ainsi que le faitvoir la figure 119. (le tuyau donne en section hori-
zontale le plan A; textremite du pignon de la salle lui sert de souche.
Le chateau de du Guesclin, a la Bleliere, pres de Dinan, a conserve
plusieurs charmants tuyaux de eheminee, octogones, de granit, brique
et itPdOlSG, dont [nous donnons (fig. 20) deux exemples qui datent de
la fin du XlVc siecle. Les cornes B decorant les couronnements sont
d'ardoise epaisse et fichees en rainure dans les assises superieures
de granit formant chapiteaux. Les fonds des petites arcatures C sont
plaques d'ardoises qui, a cause de leur teinte sombre, detachent vive-
ment. cette fine ornementation et permettent de la distinguer a la
hauteur ou elle est placeel.
Une des qualites les plus remarquables de l'architecture du moyen
age, c'est d'avoir su tirer parti de tous les accessoires les plus vulgaires
de la construction pour en faire un motif de deeoration. Des besoins
nouveaux venaient-ils a se developper, aussitot les architectes, loin
de les dissimuler, cherchaient au contraire a leur donner une forme
d'art, non-seulement dans les constructions elevees avec luxe, mais
aussi dans les habitations les plus humbles. Nous en trouvons la
Ruprich Robert a bien voulu nous communiquer ces prdcicux renseignements.