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EMINEE
telain, oblige de se renfermer dans son manoir aussitot le soleil cou-
che, reunissait autour de son foyer non-seulement les membres de sa
famille,'mais ses serviteurs, ses llomnzes qui revenaient des champs, les
voyageurs auxquels on donnait Fhospitalite; (fetait devant la flamme
claire qui petillait dans Pätre que chacun rendait compte de l'emploi de
son temps pendant lejour, que l'on servait le souper partage entre tous,
que l'on racontait ces interminables legendes recueillies aujourd'hui
avec tant de soin, et dont les recits diffus ne s'accordent plus guere avec
notre impatience moderne. Une longue chandelle de suif, de resine ou
de cire, posee sur la tablette qui joignait le manteau de la cheminee,
ou tichee dans une pointe de fer, et la brillante flamme du foyer, eclai-
Paient les personnages ainsi reunis, permettaient aux femmes de filer
ou de travailler a quelque ouvrage d'aiguille. Lorsque sonnait le couvre-
feu, chacun allait trouver son lit, et la braise, amoncelee par un ser-
viteur au moyen de longues pelles de fer, entretenait la chaleur dans
la salle pendant une partie de la nuit : car le maitre, sa femme, ses
enfants, avaient leurs lits encourtines dans la salle; souvent les etran-
Qers et quelques familiers couchaient aussi dans cette salle, sur des
bancs garnis de coussins, sur des chälits ou des litieres.
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