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gie, ces changements n'ont pas une assez grande importance pour
avoir eloigne, de nous les editices sacres. Mais les chateaux feodaux
appartiennent a des temps et a des moeurs si ditferents des notres,
qu'il nous faut, pour les comprendre, nous reporter par la pensee a
cette epoque heroique de notre histoire. Si leur etude n'a pour nous
aujourd'hui aueun but pratique, elle laisse dans l'esprit une trace pro-
fomiement gravee. Cette etude n'est pas sans fruits: serieusement
taite, elle etlaee de la memoire les erreurs qu'on s'est plu a propager
sur la feodzilite; elle met a nu des moeurs empreintes d'une energie
sauvage, (l'une independance absolue, auxquelles il est bon parfois de
revenir, ne fut-ce que pour connaitre les crrigines des forces, encore
vivantes heureusement, de notre pays. La feodalite etait un rude ber-
ceau; mais la nation qui y passa son enfance et put resister a ce dur
zipprentissage de lavie politique, sans perir, devait acquerir une vigueur
qui lui a permis de sortirdes plus grands perils sans C-tre epuisee. lies-
pectons ces ruines, si longtemps maudites, maintenant qu'elles sont.
silencieuses et. rongees par le temps et les revolutions; regardons-les,
non comme des restes de l'oppression et de la barbarie, mais bien
comme nous regardons la maison, desormais vide, on nous avons ap-
pris, sous un recteurdur et fantasque, a connaitre la vie et a devenir
des hommes. La feodalite est morte; elle est morte vieillie, detestee;
oublions ses tantes, pour ne nous souvenir que des services qu'elle a
rendus a la nation entiere en l'habituant aux armes, en la plaeant dans
cette alternative, ou de perir miserablement, ou de se constituer, de
se 1'E'3l1l1ll' autour du pouvoir royal; en conservant au milieu d'elle et en
perpetuant, certaines lois d'honneur chevaleresque que nous sommes
heureux de posseder encore aujourd'hui et de retrouver dans des
jours (lifficiles. Ne permettons pas que des mains cupides s'acharnent
a detruire les derniers vestiges de ses demeures, maintenant qu'elles
ont cesse d'etre redoutables, car il ne convient pas a une nation de
Ineconnziitre son passe, encore moins de le maudire.
CHATELET, s. m. On donnait ce nom, pendant le moyen age, a de
petits chilleaux etablis a la tetc d'un pont, au passage d'un gue, a cheval
surune route, en dehors d'une ville ou a lentree d'un defile. On designait
aussi par le mot cbälelet, des ouvrages de bois et de terre que les assie-
geants elcvaicnt de distance en distance entre les lignes de contrevalla-
lion et de circonvallation, pour appuyer les postes destines a garder
Ces lignes.
Des le 1x8 siecle, la Cite, aParis, etait entouree de murailles flanquees
de tours irreguliänfes, le tout de bois. Deux ponts donnaient acces dans
la Cite, l'un au nord, a la place du Pont-au-Ghange actuel, l'autre au midi,
a la place du Petit-Pont. Les tetes de ces deux ponts etaient deja, et pro-
bablement avant cette epoque, defendues par des chatelets : l'un, celui
du nord, säippelaitle grand Ghatelet; l'autre, celui du sud, le petit Chii-
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